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Citation de OlivierRisser


Ainsi donc, le couple errait, en ce moment même, épuisé au milieu de la vaste lande. Des mottes de terre à perte de vue. Un vent impétueux qui
aplatissait les nuages. On aurait dit deux animaux blessés, tout apeurés. Une plaine solitaire et désolée. Depuis plusieurs jours, ils ne mangeaient que de rares fruits restés sur de rares arbres, des herbes hasardeuses, des racines ou des pommes de terre crues, non ramassées, se confondant avec les cailloux. Ils maigrissaient. Les joues de la maman se creusaient comme autant de blessures infligées à une terre meuble par les lames d’un laboureur inexpérimenté. Le cœur du papa, pliant sous le joug du malheur extrême, ne pesait plus guère. Parfois, il faisait des bonds et l’homme mettait la main à la poitrine. Il arriva, qu’exsangues, ils pensèrent ne plus
pouvoir se relever. Alors, étendus côte à côte, grelottant sur le sol humide, l’âme et la peau balayées par les vents, pleurant un fils qu’ils savaient
désormais avoir perdu, ils laissaient leurs regards errer entre les nuages bas et le mélancolique vol des oies. Une partie de leur être avait secrètement décidé de la fin. Au milieu de ce paysage défiguré, un minuscule éclair, comme une étoile nouvelle en plein jour, virevolta dans les airs et sembla se déposer gracieusement à proximité des deux corps, blottis
l’un contre l’autre, couchés dans l’attente que le trépas vînt les délivrer de tant de détresse en si peu de temps accumulée. Tu n’en croiras pas tes oreilles mais le petit être si délicat qui venait d’atterrir, c’était, suspendue
à deux fragiles ailes presque transparentes, un brin orangées, une fée.
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