4. « De son séjour en Inde Ella Maillart rentre transformée. Elle regagne la Suisse en 1945, convaincue que l'Occident demeure hermétique à la sagesse, sourd à son destin, ravagé par la guerre. "Somme toute, j'étais parvenue à comprendre que pour la plupart des Occidentaux l'équilibre, l'amour du prochain, la sagesse seront inaccessibles aussi longtemps que la plus importante partie de nous-même restera ignorée ou encore étouffée par nos vies profanes, axées uniquement sur l'obtention d'une sécurité qui ne peut exister sur le plan matériel." Le constat n'est pas celui d'une voyageuse dépitée de retour au bercail, ni d'une Occidentale brusquement convertie à la sagesse d'Orient. Ella n'est pas aigrie, non, elle accepte ce retour comme un signe du destin et conçoit l'absurdité du monde qu'elle regagne, ce monde trop soucieux de ses deniers. Elle comprend mieux aussi l'absurdité de ses efforts pour rechercher une harmonie profonde. La paix, la vraie paix, n'est pas au bout du chemin, songe-t-elle, mais au fond de soi. » (pp. 343-344)