Le Retable d'Issenheim avait été commandé par le prieur des Antonins, Guy Guers, pour le présenter dans leur église devant les malades atteints du "mal des ardents", dit encore feu de saint Antoine, provoqué par l'ingestion d'ergot de seigle, un champignon hallucinogène, se trouvant dans un pain de mauvaise qualité. Ce mal des ardents aboutit à un rétrécissement des vaisseaux sanguins provoquant la gangrène et des convulsions. La présentation devant le retable devait provoquer une sorte d'électrochoc et rappeler aux malades qu'ils n'étaient pas seuls à souffrir, que la souffrance du Christ les accompagnait. Ce polyptique avait donc une vertu curative. Par ailleurs, les Antonins distribuaient du pain frais et faisaient boire du 'saint vinage' à base de vin et de plantes dans lequel on avait préalablement trempé les reliques.