Des hommes seuls, des espoirs déçus, des parcours pleins d’ornières. Parfois, ils se mettaient à parler les yeux dans le vide, l’âme bredouillante. Des fois aussi, ils pouvaient rester des heures à regarder défiler leur vie au fond de leur verre, sans rien dire. Vécus ou non, leurs exploits étaient sans importance puisque personne ne les écoutait. Il n’y avait que pour les histoires de femmes que le ton montait. Alors, les gestes devenaient menaçants et dérisoires en même temps, les rires refluaient, les larmes affleuraient. Car dans ces moments-là il n’était pas question d’existences ratées ni de malchance mais de la vie, la vraie, celle qui donne des frissons et fait pleurer à l’intérieur. Et celle-là, ils ne l’avaient pas vécue.