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Citation de mandrake17


Dans le halo ivre des lampes-tempête, Louis découvre l'horreur des lendemains d'attaque... Des corps partout, agenouillés, étendus, roulés en boule, étêtés, démembrés, effondrés en tas au fond des trous d'obus... Pas un gémissement, pas un râle, pas un appel... Le vent, seul, lugubre, se plaint. Oh bien sûr, il a vu les tableaux figurant les guerres de l'Empire, Wagram, la Moskova, Waterloo... Il a étudié ceux de Meissonier sur la guerre de 70, il a cru, naïvement, s'être préparé à l'horreur. Cette nuit, il apprend le mensonge d'une certaine forme d'art qui ne fait frissonner que les jeunes filles. Comment les vétérans de ces combats sauvages n'ont-ils pas arraché ces toiles de leurs cimaises? Où ont-ils trouvé la force de ne pas étouffer les peintres en leur faisant avaler leurs médailles? Louis entend, sous son crâne, résonner les rires des grues de boulevard... Il voit les terrasses des cafés remplies de mâles avantageux prônant l'offensive à outrance. Ses oreilles s'emplissent de musiques de caf' conc', de cancan, d'harmonies chamarrées claquant des cymbales dans les kiosques de jardins publics... C'est l'heure de la sortie des théâtres et des cabarets. Paris brille de tous ses feux... Et ces pauvres types... Louis pleure. De révolte, de rage... Comme un enfant écoeuré par l'injustice des adultes. A chaque fois qu'il bute contre un corps, il se baisse, ôte la plaque matricule, prélève ce qu'il peut: un portefeuille, un briquet, un canif, un stylo, une médaille pieuse... La musette est vite pleine...
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