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Citation de jmarcio


(p. 34-36)

Par crainte de ces méthodes ou grâce à elles, les prisonniers se mirent à donner des explications très détaillées et même des noms grâce auxquels je procédait à des nouvelles arrestations.

Cette fois, avec la collaboration de la police, je fus amené à participer plus activement à ces interrogatoires "poussés" et il ne me sembla pas inutile d'en rendre compte au colonel de Cockborne qui se montra frileux.

- Vous êtes sûr qu'il n'y a pas d'autres moyens pour faire parler les gens ? demanda-t-il avec gêne. Des moyens plus...

- Plus rapides ?

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire.

- Je sais, mon colonel, vous vouliez dire : plus propres. Vous pensez que tout cela ne colle pas avec notre tradition humaniste.

- En effet, je le pense.

- Même si je partage ce point de vue, mon colonel, l'accomplissement de la mission que vous m'avez donnée m'oblige à ne pas raisonner en termes de morale mais du point de vue de l'efficacité. Le sang coule tous les jours. Pour l'instant, c'est surtout dans le bled. Demain, ça peut arriver dans la maison voisine.

- Et que faites-vous de vos suspects, après ?

- Après qu'il parle ?

- Exactement.

- S'ils ont un lien avec les crimes terroristes, je les abats.

- Mais vous vous rendez compte que c'est l'ensemble du FLN qui est lié au terrorisme ?

- Nous sommes d'accord.

- Ce ne serait pas mieux de les remettre à la Justice, plutôt que de les exécuter ? On ne peut quand même pas flinguer tous les membres d'une organisation ! Ça devient dingue.

- C'est pourtant ce que les plus hautes autorités de l'État ont décidé, mon colonel. La Justice ne veut pas avoir affaire au FLN, justement parce qu'ils deviennent trop nombreux, parce qu'on ne saurait pas où les mettre et parce qu'on ne peut pas guillotiner des centaines de personnes. La Justice est organisée selon un modèle correspondant à la métropole en temps de paix. Ici, nous sommes en Algérie et c'est une guerre qui commence. Vous vouliez un officier de renseignements ? Vous l'avez, mon colonel. Comme vous ne m'avez pas donné de consigne, j'ai dû me débrouiller. Une chose est claire : notre mission nous impose des résultats qui passent souvent pas la torture et les exécutions sommaires. Et, à mon avis, ce n'est qu'un début.

- C'est une sale guerre. Je n'aime pas ça.

Le colonel de Cockborne s'était rembruni. Il savait que j'avais raison. Je compris qu'il ne resterait plus très longtemps en Algérie.
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