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Critiques de Paul Durand-Ruel (1)
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Paul Durand-Ruel. Mémoire du marchand des imp..

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« Sans Durand nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout ! » s'exclamait encore Claude Monet au soir de sa vie.



J'ai critiqué récemment les « Souvenirs d'un marchand de tableaux » d'Ambroise Vollard. La richesse exceptionnelle de ces souvenirs tenait au grand nombre d'anecdotes savoureuses contées par le marchand d'art.

Les mémoires de Paul Durand-Ruel sont toutes aussi riches, avec une présentation bien différente. le marchand d'art a près de quatre-vingts ans lorsqu'il les entreprend. Elles s'arrêteront en 1887, année où l'impressionnisme finira par s'imposer.

Quelle vie que celle de Paul Durand-Ruel ! « Missionnaire de la peinture », l'appelait Renoir. L'auteur du livre, Paul-Louis Durand-Ruel, petit-fils du marchand, le présente comme un patchwork de mémoires et documents divers écrit par son père, auquel s'ajoute des lettres et renseignements divers, un détail de ses expositions, des tableaux, et leurs prix de vente.



Le père de Durand-Ruel est déjà marchand d'art, mais Paul n'est pas très chaud pour continuer dans ce métier. En 1855, lors de l'exposition universelle à Paris, un déclic se produit. Son père, malade, lui demande de l'aide, pour s'occuper de la salle des oeuvres de Delacroix. Il décide ensuite de se consacrer pleinement à faire connaître les artistes de l'École de Barbizon des années 1830 (Corot, Rousseau, Millet…) qui seront reconnus en 1871.



Installé rue Laffitte, comme son ami le marchand Ambroise Vollard, il ne va pas se reposer sur ses lauriers, car une nouvelle avant-garde talentueuse arrive : Degas, Renoir, Monet, Morisot, Boudin, Sisley, Cassatt. Il se bat pour les faire connaître en s'octroyant l'exclusivité de leur travail et en les exposant dans ses galeries et son appartement familial.

Un combat incessant durant une vingtaine d'années ! Cette nouvelle école lui vaut de graves déboires. Il a eu l'audace d'accueillir dans ses galeries les oeuvres de peintres vilipendés par les partisans de l'académisme et des vieilles doctrines. Les critiques d'art, la presse, ses confrères l'attaquent. Il devient la risée des Salons et du public. « On me prédit à plusieurs reprises que je finirais mes jours à Charenton ». La ruine est proche. Il va jusqu'à risquer sa fortune personnelle pour faire connaître et apprécier la nouvelle peinture. Au lieu de suivre la maxime « dans les affaires pas de sentiments », il ne peut refuser à un ami dans la détresse. Bien souvent, manquant lui-même du nécessaire, il emprunte à gros intérêts pour sauver un artiste de la misère, pour l'empêcher de mourir de faim ou de voir son atelier et ses meubles vendus par les huissiers. Il sauvera Monet, Degas ou Renoir.



Quolibets, insultes, pleuvent lors de la deuxième exposition du nouveau groupe des peintres impressionnistes, commencée le 30 mars 1876 dans la galerie Durand-Ruel 11 rue le Peletier à Paris. Albert Wolf dans "Le Figaro" écrit un article particulièrement dur : « La rue le Peletier a eu du malheur. Après l'incendie de l'Opéra, voici un nouveau désastre qui s'abat sur le quartier. On vient d'ouvrir chez Durand-Ruel une exposition, qu'on dit être de peinture. le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés s'offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés, dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l'ambition, s'y sont donnés rendez-vous pour exposer leurs oeuvres. Ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et signent le tout. » La femme est Berthe Morisot...



Durand-Ruel s'acharne. Renoir lui écrit en 1885 : « le public, la presse et les marchands auront beau faire, ils ne vous tueront pas votre vraie qualité : l'amour de l'art et la défense des artistes. Dans l'avenir, ce sera votre gloire ».

Paul Durand-Ruel aura vu passer entre ses mains de nombreuses toiles considérées comme des chefs-d'oeuvre immenses aujourd'hui. Souvent, il les gardait : la « Jeune fille endormie » de Renoir était l'un des fleurons de sa collection privée. Il ne s'en sépara jamais. Il fit graver la toile lumineuse « le pont à Villeneuve-la-Garenne » d'Alfred Sisley pour la mettre dans le « Recueil d'estampes » où il réunissait les plus belles oeuvres de son stock, celles qu'il appréciait le plus. Une place essentielle sera donnée à « La tasse de thé » de Renoir dans sa collection, jusqu'à son décès. Les superbes « Danse à la campagne » et « Danse à la ville » de Renoir orneront le grand salon de son appartement rue de Rome jusqu'à sa mort.



L'exposition qu'il présente en 1886 à New York est un immense succès et voit enfin la reconnaissance des impressionnistes. À la fin de sa vie, il pouvait déclarer : « Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j'étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus… ».

En 1910, Renoir immortalise son ami et marchand en peignant son portrait après près de quarante ans d'amitié sincère. Durand-Ruel paraît heureux. Il s'éteint le 5 février 1922.



« Ce n'est pas sur les bancs de l'école, ni dans les milieux académiques qu'on trouvera les jeunes artistes qui aient des visions intéressantes. C'est parmi ceux qui ne cherchent leurs inspirations qu'en eux-mêmes, dans la contemplation des merveilles toujours nouvelles de la nature, et dans l'étude approfondie des chefs-d'oeuvre des grands maîtres de tous les temps. »



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