La France et les Français occupent en Europe au milieu du XIIIe siècle une position hors pair. On n’a pas hésité à voir dans Paris une "deuxième Athènes". La langue française est à côté du latin, langue universelle des savants, la langue internationale du XIIIe siècle. C'est celle des marchands : les foires de Champagne, carrefour de l'Europe, sont dans le royaume. C'est la langue de la culture profane. Le Florentin Brunetto Latini, auteur d'un ouvrage encyclopédique, le Trésor, déclare écrire en français parce que c'est une "parlure", "plus délitable et plus commune à toutes gens" ; à la fin du siècle, c'est encore en français que Marco Polo, racontera ses aventures. En Angleterre, depuis Guillaume le Conquérant, le français est la langue de la cour, de l'administration et de l'Eglise. En Allemagne, dans les milieux chevaleresques, parler français est la marque d’une bonne éducation…
De même que l'Europe du XVIIIe siècle fut une "Europe française", la Chrétienté du XIIIe siècle est "française" par ses goûts, son expression et son inspiration.
455 - [Que sais-je n°1481, p. 92]