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Citation de PetiteBichette


Que des gamins courent là où nous avions couru, qu'ils pillent le bois mort de nos anciennes cabanes pour en bâtir de nouvelles, qu'ils se croient les rois comme nous-mêmes avant eux, cela m'était insupportable. Ils ne savaient rien du bonheur incandescent que nous tous, Harriet, Louisa, Klaus, Aleksander, Amelia, Magda et moi, avions connu dans le bleu des sapins frais, sur la pelouse d'or où dansent les papillons malhabiles, sous le faisceau tremblant d'une lampe torche calée entre deux malles du grenier, pendant nos veillées d'été. Le bruit des grillons crevant nos cache-cache, cœur battant dans la chaleur sèche, braise de peur au fond du ventre, rebondi d'avoir bien mangé à midi. La sieste dans les chambres blanches maillées de lumière douce. La fatigue de nos jambes dorées, les cheveux fous dans la nuque, la petite main de Harriett dans la mienne. Ils ne sauraient jamais, ces enfants importuns, combien nous étions heureux, et combien leur joie me brisait le cœur, faisait renaître nos jeux inaccessibles. Comme un vieux livre dont l'encre s'abîme avec les âges, je n'arrivais déjà plus à relire nos enfances quand je regardais le jardin, presque inchangé, s’étaler dans la poussière brûlante des jours d'août. On m'a volé ma forêt, et ma Maison aux façades de bois blanc toujours à repeindre. On m'a volé mes étés d'enfant, les seuls qui valent la peine d'être vécus.
(p77-78)
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