Peter Schwindt

Le rêve est toujours le même : le petit garçon roux est assis sur une chaise au milieu d'une pièce encombrée d'appareils compliqués. Parmi eux, un imposant pupitre de commandes dont les multiples voyants clignotent sans arrêt. Des câbles gros comme le bras relient cette machine à une plate-forme surmontée d'une énorme boule noire, à l'intérieur de laquelle est emprisonné quelque chose de vivant, une bête monstrueuse, qui guette le moment où elle sera enfin autorisée à sortir pour tout engloutir. Le petit garçon a du mal à en détacher les yeux. Il se force à regarder autour de lui, et constate qu'il n'est pas seul. Des hommes et des femmes en blouse blanche actionnent les manettes du pupitre. En dehors de son oncle, il ne connaît personne.
Où sont ses parents ? Il a beau se tortiller sur sa chaise et les chercher partout, il ne les aperçoit nulle part. Soudain, une porte glisse sur ses gonds et sa mère entre dans la pièce.
Elle est merveilleusement belle.
D'habitude, à la vue du petit garçon, elle sourit. Là, non. Elle se penche vers lui et plonge son regard dans le sien. Tout à coup, son papa est là aussi. Une dernière caresse sur la joue du petit garçon, et ses parents se dirigent main dans la main vers la bête noire enfermée dans la boule.
Le garçon pousse un cri. Un type barbu veut le faire sortir, mais il est déjà trop tard : une détonation le fait sursauter. Moins d'une seconde plus tard, ses parents ont disparu. Horrifié, il se retourne pour voir comment réagissent les autres... Ils n'ont pas l'air inquiets.