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Citation de Charybde2


L’Eriophora abonde en taches aveugles : des ombres dans les coins et les galeries, dans les espaces derrière les imposantes machines, où personne n’a de raison de placer des caméras. Il y a même des endroits – à proximité des lignes électriques puissantes dont les courants noient les milliampères des signaux reliant les cerveaux artificiels aux naturels – qui rendent Chimp aveugle à nos liens corticaux.
Ce n’est pas dans un de ceux-là que nous allions, mais plus profond, fonçant à tombeau ouvert dans des tunnels sous vide pourvus de nervures supra-conductrices, et à mon grand déplaisir, je n’y voyais pas grand-chose.
Il y a des moments où on coupe son lien : quand on est en stase, quand on dort, éventuellement quand on est dans ses quartiers à baiser, jouer ou faire du tourisme. Des moments où on ne veut pas être distrait par les tics et tocs autonomes de cette imposante créature rocheuse dans laquelle nous vivons.
Mais pas quand on est de service. Pas quand on est dehors. À l’œil nu, on ne voit rien, seulement… des images brutes, sans annotations. Je me sentais handicapée, comme si je risquais de me perdre à jamais en prenant le mauvais virage, ou comme si j’allais oublier le nom de gens que je connaissais depuis toujours. Ou ne pas reconnaître l’objet banal juste devant moi.
Cette cécité volontaire ne nous procurait pas pour autant la moindre intimité : Chimp avait des capteurs dans cette capsule comme dans toutes les autres. La seule chose dont le privait le petit geste de défi de Lian, c’était de deux points de vue subjectifs redondants.
De toute évidence, il s’agissait là en quelque sorte d’une question de principe.
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