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Citation de Margotmatou


Mill [...] est le premier, et un des rares économises à ce jour, à ne pas considérer la fin de la croissance comme une fatalité plutôt désagréable. Il en avait au contraire une vision optimiste : l'état stationnaire était à la fois inévitable et nécessaire, mais aussi et surtout désirable. Jugeons plutôt comme ses écrits, du milieu du XIXème siècle, résonnent d'une incroyable modernité :

'"J'avoue que je ne suis pas enchanté de l'idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que l'état normal de l'homme est de lutter sans fin pour se tirer d'affaire, que cette mêlée où l'on se foule aux pieds, où l'on se coudoie, où l'on s'écrase, où l'on se marche sur les talons et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus désirable pour l'humanité, au lieu d'être simplement une des phases désagréables du progrès industriel.

Il n'y a pas grand plaisir à considérer un monde où il ne resterait rien de livré à l'activité spontanée de la nature, où tout rood de terre propre à produire des aliments pour l'homme serait mis en culture ; où tout désert fleuri, toute prairie naturelle seraient labourés ; où tous les quadrupèdes et tous les oiseaux qui ne seraient pas apprivoisés pour l'usage de l'homme seraient exterminés comme des concurrents qui viennent lui disputer sa nourriture ; où toute haie, tout arbre inutile seraient déracinés ; où il resterait à peine une place où put venir un buisson où une fleur sauvage, sans qu'on vint aussitôt les arracher au nom des progrès de l'agriculture. Si la terre doit perdre une grande partie de l'agrément qu'elle doit à des objets que détruirait l'accroissement continu de la richesse et de la population, et cela seulement pour nourrir une population plus considérable, mais qui ne serait ni meilleure, ni plus heureuse, j'espère sincèrement pour la postérité, qu'elle se contentera de l'état stationnaire longtemps avant d'y être forcée par la nécessité."

Cent soixante-dix ans plus tard, force est de constater que nous avons bien arraché les haies pour faire place aux progrès de l'agriculture, mais aussi pour faire place à nos villes et nos infrastructures routières en extension. Saurons-nous nous "contenter" d'un état stationnaire - au stade où nous en sommes, il faudrait plutôt commencer à réparer -, où bien jusqu'où irons-nous ? Une dernière citation pour terminer cet hommage au visionnaire Mill, et se rassurer sur la potentielle désirabilité de cet état stable : "Il n'est pas nécessaire de faire observer que l'état stationnaire de la population et de la richesse n'implique pas l'immobilité du progrès humain."
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