Philippe Caumières introduit magistralement à la pensée fascinante mais complexe de Cornelius Castoridadis.
Après ses début dans "Socialisme et barbarie", Castoriadis se focalise sur le projet (qui reste révolutionnaire) d'autonomie de tout homme en société. Ce projet est décrit précisément, ainsi que l'idée centrale de "l'institution imaginaire de la société" (1975) que Castoriadis ne cessera de développer dans ses écrits en utilisant notamment les ressorts de la psychanalyse.
Nous faisons société parce qu'existe entre nous un imaginaire jamais complètement compris et toujours en évolution. L'imaginaire capitaliste, qui domine actuellement, ne favorise pas l'autonomie, au contraire. Le marxisme, qui, par son approche soi-disant scientifique, niait l'institution imaginaire de la société, s'opposait aussi au projet d'autonomie.
Castoriadis voit dans notre époque qui 'privatise' l'individu et son activité une éclipse du projet d'autonomie.
Castoriadis fixe l'acte de naissance du projet d'autonomie dans la société grecque classique (avant Platon qui hait la démocratie). Au VIIè siècle AC sont nées simultanément la démocratie (le pouvoir politique est détaché de toute transcendance et s'incarne dans la communauté des citoyens) et la philosophie (il n'existe pas d'ordre naturel préétabli entre les hommes, le chaos est initial et sous-jacent à tous nos efforts pour agir dans le monde).
Comme Hannah Arendt, Castoriadis voit dans la révolution hongroise de 1956 un des rares moments d'apparition d'une réalisation pratique du projet d'autonomie.
Commenter  J’apprécie         20