Philippe Lafargue

Outre des romans, les éditions Alma tentent aussi de temps en temps l’aventure des essais historiques. C’est ainsi que nous pouvons trouver dans leur catalogue La bataille de Pylos par Philippe Lafargue.



La bataille de Pylos n’est pas très connue, à côté des fameux événements que furent Marathon, Salamine ou les Thermopyles. Pourtant, au sein de cette guerre du Pélopponèse qui opposa Athènes et ses alliés à Sparte et les siens pour la domination sur la péninsule grecque, Philippe Lafargue compte nous démontrer ici l’importance de cette bataille de 425 av. J.-C.

L’histoire de la guerre du Pélopponèse n’est pas des plus simples à comprendre, car elle comporte plusieurs phases dont la prise en compte ou non modifie notre façon d’approcher cette confrontation. L’auteur tente donc ici de revoir notre compréhension en prenant comme point de départ l’idée toute simple, mais saugrenue au premier abord, selon laquelle la victoire athénienne à Pylos en 425 est la première cause de leur défaite finale dans cette guerre en 404. Ainsi, dans le récit que l’auteur nous fait de cette bataille, rien ne correspond à ce qui est normalement attendu d’un tel affrontement. C’est une bataille navale qui se gagne, en deux temps, sur la côte, particulièrement accidentée ; c’est une bataille qui ne suit pas les directives laissées par Périclès avant son décès, alors qu’il était revenu à la tête de la cité-État athénienne ; enfin, c’est une bataille qui ne fait pas seulement s’affronter Sparte et Athènes, c’est non seulement une bataille entre les alliés des uns et des autres, et surtout une bataille entre les différentes factions politiques à Athènes comme à Sparte. Au premier rang de ces politiciens et chefs de guerre ayant des intérêts à suivre telle ou telle stratégie, se trouve Thucydide. Nous le connaissons comme historien avec son œuvre majeure sur cette guerre, mais quand il la rédige, c’est avant tout un homme politique en exil loin d’Athènes qui relate ses souvenirs dans ses mémoires en laissant paraître des choix politiques.

Après nous avoir mis en contexte, puis relaté avec force détails cette bataille de Pylos entre Lacédémoniens et Athéniens, Philippe Lafargue s’applique alors à décortiquer les sources, et en premier lieu ce Thucydide, à la fois bien utile pour les faits concrets et pour ses idées bien arrêtées sur la politique athénienne à suivre. Tout le sel de la démonstration de cet historien est de comprendre le contexte politique à la suite de la mort de Périclès : il y a une place à prendre à la tête de la cité-État et les coups bas font rage pour s’approprier une part du pouvoir. Dans ce contexte, l’auteur n’a aucun mal à replacer la destinée politique du fameux Cléon, grand adversaire de Thucydide, puisqu’il lui a déjà consacré un autre ouvrage. C’est donc à une enquête méthodique à laquelle il faut s’attendre en débutant ce petit ouvrage ; les rares sources y sont décortiquées avec soin et mises en parallèle d’autres études du même calibre concernant d’autres périodes historiques. À ce titre, les comparaisons avec la Première Guerre mondiale causant la Deuxième sont très intéressants (certains contemporains voyaient déjà ce lien), tout comme le sont les parallèles que nous pourrions trouver autour des thèmes très actuels que sont le questionnement de la démocratie et la tentation de l’impérialisme à outrance.



Même s’il doit se répéter parfois afin de bien préciser sa pensée et qu’il doit ménager souvent la chèvre et le chou, notamment sur les intentions de Thucydide, l’auteur s’en tire très bien pour produire un petit essai plutôt vite lu et qui ne gênera vraiment que les plus réfractaires aux démonstrations historiques.

Ce livre traite d'un épisode peu connu de la Guerre du Péloponnèse, la bataille de Pylos, auquel l'auteur donne un rôle capital, au point d'y perdre voir une remise en question de l'idée même de Guerre du Péloponnèse



Rappelons que ce conflit, dans la conception qu'on en a couramment d'après Thucydide, s'étend de 431 à 404 (les dates de cette chronique s'entendent "av. J..C )

Elle a opposé deux confédérations de cités grecques, l'une constituée autour d'Athènes connue sous le nom de Ligue de Délos, conçue à l'origine comme une alliance contre un éventuel retour offensif des Perses après les guerres médiques, mais que l'on peut aussi considèrer comme un Empire athénien, et l'autre constitué autour de Sparte et réunissant diverses cités De Grèce continentale basée sur une crainte commune de l' impérialisme athénien et connue sous le nom de Ligue du Péloponnèse. le conflit connut des fortunes diverses et se termina par la victoire de Sparte et l'abaissement durable d'Athènes

L'auteur refuse cette conception, issue selon lui d'un parti-pris téléologique de Thucydide

Il y aurait lieu en effet de considèrer que la bataille de Pylos, se soldant par la victoire d' Athènes, met un terme à une guerre, suivie d'une période de paix de onze ans, et de l'éclatement d'un second conflit

Mais il admet aussi que cette période de paix puisse être considérée à la suite de Thucydide comme une simple trêve dans un conflit unique

Un rapprochement historique peut-être hasardeux nous permettrait alors d'établir un parallèle avec nos deux guerres mondiales, que certains historiens considèrent comme une nouvelle Guerre de Trente ans, un conflit global interrompu par ce qui ne fut guère qu'une trêve de trente ans, connue d'ailleurs couramment ous le nom révélateur de "entre-deux guerres", d'autant que la ou les guerres du Péloponnèse eut pour le monde grec un caractère proche des guerres mondiales pour le nôtre.

Je ne rentrerai pas dans le détail très technique et fouillé des arguments invoqués par Laforgue à l' appui de sa thèse.

Je ne rentrerai pas dans le détail des arguments très techniques invoqués par l'auteur à l'appui de sa thèse.

Ce livre est aussi une occasion pour moi de revenir sur l'actualité de ce conflit du passé, qui revient à la mode de manière préoccupante à l' époque contemporaine à travers l'analyse très personnelle qu'en font les milieux néo -conservateurs américains, lesquels ont mis au point la notion de "piège de Thucydide": lorsqu'une conjoncture géopolitique met en présence une puissance déclinante à une puissance montante, la première serait encline à déclancher une guerre preventive tant qu'elle peut encore la gagner. A la suite de quoi ils identifient la puissance déclinante à celle de Sparte et celle montante d'Athènes et transposent le conflit à l' époque actuelle.

Le problème est qu'ils voient dans Athènes une puissance montante. Ce n'est pas faux, mais elle était déjà hégémonique à l' époque, et souhaitait étendre son hégémonie m, ce que les autres cités n'étaient pas prêtes à accepter. C'est d'ailleurs Athènes qui déclencha la guerre en attaquant Potidee, cité alliée de Sparte , qui ne fit que réagir.

Les analogies avec l'époque actuelle qu'ils font ensuite sont assez brumeuses.

Ils semblent ne pas voir les analogies évidentes entre les Empires athéniens et l'Américain, la ligue de Délos et l'Otan (ainsi les tribunaux athéniens s'étaient rendus compétents dans les affaires des cités alliés) ni très bien voir qui serait Sparte et la ligue de Délos ils ont sans doute quelques idées à ce sujet...y compris peut-être et hélas sur l'utilité des guerres préventives à faire tant qu'on peut les gagner.

De même, Athènes était une thalassocratie, et la domination mondiale des USA est en partie basée sur leur flotte de porte-avions.

De même encore, les cités grecques connaissaient deux principaux régimes politiques, la démocratie et l'aristocratie, les réalités auxquelles ces termes renvoient étant largement différentes de leur sens à notre époque.

Or 'Athènes cherchait à exporter son régime politique, la "démocratie" justement, aux cités qu'elle ajoutait, ou souhaitait ajouter, à son empire, avec le concours des partisans locaux de ce système, qu'elle utilisait pour déstabiliser, comme nous dirions aujourd'hui, les cités en question

Livre recu a l'occasion de la derniere masse critique, merci a Babelio ^^



Bon alors certes il ne faut pas etre rebuté par les grandes descriptions, les termes techniques, mais ce livre est d'une richesse incroyable pour apprendre et comprendre ce qui c'est passé a cette epoque et tout ce qui en a decoulé, tout ce que cela a pu nous apporter encore aujourd'hui. Ma fille etant en ce moment en plein dedans en cours d'histoire c'etait interressant de pouvoir faire les parralleles et de completer ses cours, je ne lui mettrais pas dans les mains parce qu'elle se lasserait tres vite a cause de sa complexité neanmoins pour tout les curieux, les passionnés d'histoire ce livre est vraiment tres complet et super interressant ^^

Un essai extrêmement bien documenté sur un épisode important de l'Histoire de l'Antiquité. Les spécialistes et autres étudiants en Histoire seront gâtés, les néophytes pourront quelquefois décrocher devant tant de précision et d'érudition. Un documentaire incontournable sur le sujet mais niveau de lecture universitaire.

Masse Critique Babelio.

Dans son livre, Philippe Lafargue Lafargue remonte à la Grèce antique pour expliquer l'origine, le rôle et l'héritage des "démagogues" du passé.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..

L'historien revient aux sources de la démocratie. Le populisme est-il une forme déviante de la démocratie née en Grèce au Ve siècle avant Jésus-Christ ?
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..

Un stimulant détour par la démocratie athénienne antique nuance le sens d'une notion aujourd'hui négative.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..