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Critiques de Philippe Richer (1)
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Le Cambodge. Une tragédie de notre temps

Le Cambodge a connu, depuis son indépendance en 1953, une histoire tragique. Aucune des convulsions du second vingtième siècle ne lui a été épargnée. L’extension du conflit vietnamien au début des années 70, conjuguée à l’historique hostilité khmero-vietnamienne a porté les Khmers rouges au pouvoir le 17 avril 1975 avant de les en déloger le 7 janvier 1979. Dans l’intervalle, quelques 1 700 000 personnes – soit 20 % de la population – ont été victimes du génocide perpétré par le régime de Pol Pot (quoiqu’on puisse préférer au terme de génocide celui d’autogénocide, car « il n’y a pas eu, à proprement parler, de génocide … mais une volonté délirante de régénération d’un peuple nouveau : les victimes étaient toutes khmères » (p. 57)).



Philippe RICHER s’attache moins à décrire la page la plus noire du peuple cambodgien – qui a déjà ses historiens avec David Chandeler, Michael Vickery et Ben Kiernan – mais à mettre en perspective 50 ans d’histoire khmère. La singularité du régime de Pol Pot y est du coup éclipsée au profit du destin individuel fabuleux du roi Sihanouk, porté sur le trône en 1941 à 18 ans, qui démissionnera en 1955 (au profit de son père !) avant de revenir au pouvoir en 1960, d'être renversé par Lon Nol en 1970 et de devenir, entre 1975 et 1979, l’avocat paradoxal d’un régime qu’il abhorre et qui tuera cinq de ses enfants et quinze de ses petits-enfants. C’est autour de lui que tous les projets de réconciliation nationale élaborés au cours des années 80 s’élaboreront. C’est toujours lui qui est rétabli dans ses fonctions royales en 1993 et qui arbitre les incessantes rivalités entre son fils Ranariddh et le Premier ministre Hun Sen.



Le Cambodge fut moins le laboratoire d’expérimentation d’une des dérives les plus sinistres du communisme au XXème siècle, que le lieu d’affrontement compliqué entre grandes puissances. Par tiers-mondisme (Sihanouk est un participant enthousiaste au sommet de Bandoeng), le Cambodge offre des sanctuaires au Viet Minh et s’aliène les Américains avec qui les relations diplomatiques sont rompues en avril 1965. Ce fut là la plus funeste erreur politique du jeune roi : il perd les élections législatives de 1966 qui voient la victoire de Lon Nol et Sirik Matak, proche des Américains, il est renversé par l’assemblée nationale khmère en mars 1970 et est contraint à une alliance contre-nature avec les Khmers rouges. Ceux-ci sont alors soutenus, Internationale Communiste oblige, par les Vietnamiens. Mais sitôt le pouvoir conquis, la vieille animosité khmero-vietnamienne ressurgit, traduite à l’échelle mondiale par une rivalité sino-soviétique. La prise du pouvoir par les Khmers pro-vietnamiens d’Hun Sen et d’Heng Samrin renverse certes le régime honni de Pol Pot mais oblige paradoxalement Sihanouk à entrer en résistance et à chercher le soutien de Pékin. Il faudra attendre la fin de la guerre froide et l’étiolement du soutien de l’URSS au Vietnam pour qu’une solution soit trouvée, à Paris en octobre 1991.



En 200 courtes pages, Philippe RICHER offre une stimulante synthèse de cette « tragédie » historique. Il n’a pas opté pour un plan chronologique pour « éclairer tour à tour différentes facettes du drame » (p.11), ce qui n’épargne pas de nombreuses redites. Mais cela n’ôte rien aux qualités pédagogiques de son travail.
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