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Critiques de Philippe Rolland (1)
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L'origine et la date des évangiles

L’oeuvre de Ph. Rolland dérange : il ne parvient pas à admettre le consensus longuement mûri au cours du xxe siècle sur l’existence de deux sources à l’origine de nos évangiles actuels. S’il ne conteste pas l’existence de la source Q, il nie la priorité de Marc sur les autres évangiles ; et il va jusqu’à penser que cette priorité est défendue pour des raisons plus idéologiques que scientifiques : le caractère évidemment composite de cet évangile conduit à le dater tardivement, et plus encore les évangiles de Matthieu et de Luc qui sont censés s’en être inspirés ; la prédication des apôtres et celle de Jésus lui-même s’éloignent et le rôle fondateur des communautés réceptrices se trouve renforcé au détriment de celui des hommes de la première génération chrétienne…



Le point de vue de l’A., développé à partir de multiples exemples, est très différent. Nos évangiles synoptiques résultent de l’influence et de la combinaison de quatre documents très anciens, contemporains des apôtres : un Matthieu primitif sémitique, d’origine jérusalémite ; la fameuse source Q, appelée ici évangile de Césarée d’après son lieu supposé d’origine ; et deux traductions grecques indépendantes du Matthieu primitif, l’une d’origine antiochienne réalisée sous la mouvance de Pierre, l’autre réalisée sous la mouvance de Paul. Cette genèse peut s’appuyer sur l’histoire de l’Église primitive telle que la rapportent les Actes des Apôtres, auxquels l’A. accorde un grand crédit.



Ce qui frappe depuis quelque temps l’auteur de ce compte rendu, c’est que cette proposition n’a rien d’insensé ni même d’absolument novateur : elle essaye de faire droit à la tradition patristique d’un évangile araméen, comme le voulaient aussi L. Vaganay au début de notre siècle et P. Benoît plus tard. Pourtant, loin d’être étudiée scientifiquement, elle est le plus souvent passée sous silence, ou grossièrement caricaturée : la critique la plus facile consiste à assimiler le travail de l’A. à celui de C. Tresmontant ou de J. Carmignac, alors que ceux-ci sont très souvent pris à parti dans l’ouvrage.



C’est d’ailleurs très probablement pour se démarquer d’eux que l’A. prend soin, au début de son travail, de rappeler la partie centrale de l’Instruction sur la vérité historique des évangiles, promulguée par la Commisssion biblique pontificale : celle-ci n’exige aucunement, bien au contraire, de faire des évangélistes des secrétaires de Jésus, en travail ininterrompu de rédaction. Cette Instruction trace une voie moyenne entre un fondamentalisme outrancier, qui néglige le rôle de l’Esprit-Saint dans la tradition, et une critique ravageuse qui coupe cette même tradition de ses sources scripturaires. Il est frappant de constater que l’A. date l’évangile de Jean des années 100 ou qu’il refuse, dans un excursus, de considérer comme probant le papyrus trouvé dans la grotte 7 de Qumrân et que d’aucuns voudraient considérer comme un fragment de l’évangile de Marc et dater des années 50 : nous sommes loin des positions les plus conservatrices de l’exégèse.



Si bien que l’on est conduit à se demander si le procès fait à l’A. ne relève pas d’autres causes. En défendant ici une date haute pour les synoptiques et les Actes, en défendant longuement ailleurs l’authenticité pétrinienne de la Deuxième Épître de Pierre, ou celle des épîtres pastorales, souvent contestées pour des raisons d’organisation ecclésiale, l’A. ne cache pas vouloir manifester l’enracinement scripturaire très ancien de la tradition ecclésiale catholique. C’est une sorte d’apologétique d’un genre nouveau, appuyée sur une critique scientifique fouillée sans aucun fondamentalisme : ceux qui en contestent des éléments – ce qui est le cas de l’auteur de ce compte rendu à propos de certaines positions tenues par l’A. dans le domaine des lettres de Paul – devraient au moins avoir l’honnêteté de se situer au même niveau.
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