Dès la fin du XIXe siècle, les architectes et les urbanistes se mettent au
défi de définir la distance harmonieuse entre les individus. L’enjeu est de taille : ils entendent planifier la construction rationnelle et fonctionnelle des bureaux, des usines, des bâtiments publics et des logements. Mais cette « bonne mesure » est inqualifiable, car elle n’est pas métrique. Elle est au contraire fondamentalement relative et dynamique, dépendante d’une appréhension subjective. Proche et lointain se définissent l’un par rapport à l’autre, ils dessinent une frontière flottante départageant un territoire. Et ce territoire, c’est celui de l’expérience vécue, partagée avec les autres.