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Citation de Henri-l-oiseleur


Un empire multiculturel.
La faiblesse de l'Empire face à l'invasion macédonienne épouse exactement la force qui l'a cimenté tout au long de la période qui va de Cyrus à Darius III. Les Perses n'avaient jamais tenté de porter atteinte aux traditions reconnues de leurs sujets : multi-ethnique, l'Empire est resté multiculturel, comme en témoigne par exemple l'extraordinaire variété linguistique (e.g. Diodore §53.4) Même si l'unité politique et le brassage des populations ont permis également de remarquables processus interculturels, il n'en reste pas moins que fondamentalement, un Grec se sent grec et parle grec, un Egyptien se sent égyptien et parle égyptien, de même pour les Babyloniens et n'importe quelle autre population, y compris les Perses, qui n'ont jamais cherché à diffuser leur langue ni à imposer leur religion. (...) En d'autres termes, il n'existe pas d'identité achéménide, qui serait susceptible de pousser les populations, dans leur diversité, à se lever pour défendre des normes communes. Dans d'autres types d'Etats - les Etats-nations - une défaite en bataille rangée ne signifie pas la fin de la communauté : celle-ci peut éventuellement organiser une guerre de résistance sur les arrières de l'adversaire. Mais une telle stratégie suppose réalisées des conditions étrangères à l'Etat achéménide. Tout au contraire, les structures politico-idéologiques qui organisent et régissent les territoires et les populations abandonnaient nécessairement le destin de l'Empire au sort des armes, qui décidait rapidement les élites des pays à rallier le vainqueur et à lui transférer leur allégeance. Dès lors que les armées royales ont été vaincues, les dirigeants locaux se sont donc trouvés devant une situation assez simple, que leurs ancêtres avaient connue lors des conquêtes de Cyrus : négocier avec le vainqueur le maintien de leur position dominante à l'intérieur de leur propre société, ce qui passait par la reconnaissance, de la part du vainqueur, des attributs idéologiques de l'identité de la communauté, à savoir la puissance des sanctuaires et la perpétuation des cultes traditionnels. Concessions que non seulement Alexandre était tout prêt à reconnaître, mais qu'il sollicitait lui-même.

pp. 887-888
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