AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Pierre Drogi
La question du sens

La « question du poème », celle qui engage celui-ci au moment de son écriture et qui le
justifie éventuellement au moment de la lecture, est en fait indissociablement liée à celle
du sens : c’est la même, ou plutôt les deux questions (question du poème, question du
sens) se déploient en même temps. Elles sont solidaires ; sujettes à caution ou au doute
solidairement. Elles déterminent à la fois, ensemble, la valeur du poème et ce qu’on
désignera comme son sens. Elles en sont le critère.
Sous cet angle, le poème apparaît avant tout comme une mise en crise du sens au travers
d’un certain régime (étrange) de la parole. Crise panique ? généralisée à tout le langage,
ou qui engage toutes les dimensions de celui-ci pour une nouvelle validation de ce qu’il
porte ou peut porter, rendue effective par le fait que le poème s’adresse à quelqu’un par
delà même la question de la véridicité ou de la véracité des énoncés qu’éventuellement
il véhicule. Le poème apparaît alors d’abord comme l’acte d’appeler ou d’interroger ou
de solliciter quelqu’un, dans un espace défini par cet appel, en dehors des règles
ordinaires d’usage du langage.
Aussi la « question du sens » est-elle fondatrice pour le poème, et non pas « superflue »
et « ajoutée ». Elle vient en premier lieu. Le poème n’a de compte à rendre qu’à elle. Il
surgit « armé » ou soutenu dès l’impulsion première par la question du sens. En dehors
de la question il n’existe pas. À moins de cela, il ne respire pas, n’est pas « vivant »
(Emily Dickinson) : et ce n’est pas un poème. Ou alors : glossolalie, comptine,
stridulation de cigales ?
Commenter  J’apprécie          00









{* *}