Pierre Duval

Talonné par Gardick, Risick marqua un temps d'arrêt pour jeter un œil à droite puis à gauche avant de s'élancer hors de l'allée. Les deux Mojiks traversèrent au pas de course la ruelle et s'enfoncèrent dans une deuxième allée, plus étroite et plus sombre encore que celle qu'ils venaient de quitter. Une poubelle y était renversée et son contenu éparpillé au sol faisait le régal de rats potelés et grisonnants qui ne daignèrent même pas interrompre leur dîner au passage des deux fuyards.
Risick entra brusquement dans une maison sur leur gauche, lui faisant signe de l'y suivre, puis repoussa la porte et plaça un madrier en travers. Toujours en silence, ils regagnèrent alors l'étage où il fit jaillir la flamme grasse d'une lampe à huile, avant de prendre place sur un vieux matelas couché à même le sol, invitant Gardick à l'imiter.
- Une patrouille maroïe... Vous l'avez vraiment échappé belle ! Quelle idée de venir traîner ici après tout ce qui s'y est passé... J'espère au moins que vous n'avez pas poussé la bêtise jusqu'à amener ce que vous savez avec vous ?
- En fait... si... fut-il bien contraint de reconnaître d'une voix assez gênée. Comprenez-moi... Je ne savais vraiment pas quoi faire. Je me doutais qu'il avait dû se passer quelque chose mais j'espérais... à nous assurer qu'il était plus
- Vous espériez quoi ? Vous pensez bien que si nous avions pu, nous serions venus le récupérer il y a un moment déjà ! Nous avons longuement hésité d'ailleurs, mais Tarnock continuait à nous assurer qu'il était plus en sécurité là où il se trouvait. Loin d'ici... Et voilà que vous l'amenez droit dans la gueule du loup ! Ne vous rendez-vous donc pas compte que des Mojiks ont payé de leur vie pour le protéger ?! Vous ne comprenez donc rien à rien ?!
- Pour être franc, non, je ne comprends pas grand-chose ! s'insurgea Gardick.