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Citation de Charybde2


Soudain (oui, c’est le soir), entrant dans une ville qu’elle n’a pas eu besoin de sommer pour s’en faire ouvrir les portes, elle voit arriver vers elle à grandes enjambées un grand Balimbure, de ces Balimbures dont les chroniques sont pleines et qui ont désolé tant de provinces sous tous les régimes. Ce monstre, qui a la taille d’un immeuble de rapport, est vêtu à la façon de ceux qui travaillent à la Défense et à la City, et comme eux il est plein d’une belle assurance indexée sur une redoutable malignité. Car le Balimbure est tout sauf un imbécile, c’est ce qui le rend si dangereux, ceux qui ont eu affaire à lui et qui l’ont sous-estimé ne sont plus là pour s’en plaindre et regretter leur erreur. Bien sûr, c’est un animal sauvage, on sait qu’il ne fait pas de quartier, mais sa nullité dans la plupart des domaines, et le mépris dans lequel on tient ses goûts et ses manières, endorment la méfiance des mieux prévenus. Il pleut. Les enseignes de la rue commerçante clignotent d’une façon qu’elles voudraient primesautière mais qui ne fait qu’ajouter un caractère de fatalité à l’atmosphère sinistre qui règne ici. Ce grand Balimbure, écumant comme une écumoire, ou comme la bouche de Nicole Obry qu’il a dû baiser cent fois, se plante devant Marie-Alberte, qui recule un peu devant son rot. Sa figure a quelque chose du cratère Chicxulub. L’intérieur de sa bouche est vert, pourri par la diffamation, l’ignorance, la baliverne, la gématrie, la flatterie, la coterie, le larbinisme, l’enflure, l’imposture et les dartres mais les dents sont admirables ; des trois trous de son nez alla bigotta dépassent les quatre cent trente-trois millions et quarante-cinq gros vers noirs du fanatisme ; ses yeux verticaux laissent couler un pus qui s’enflamme au contact de l’air et ces flammes forment des lettres et ces lettres forment le manuel de la lâcheté médiatique et friendly ; sa main gauche a la forme du génocide et de sa répétition machinale et contente ; son sexe qui déboutonne lui-même sa braguette dresse dans la bise nocturne sa profusion d’écailles jaunes au bout de laquelle s’agite follement une langue bifide (on se demande ce que fiche là ce pauvre pangolin) ; de ses oreilles sort l’écran de fumée du bon sens économique derrière lequel se dissimulent l’abus de bien social et cette bonne grosse dondon, l’optimisation fiscale ; dans chaque trou de sa peau grêlée remue le point médian de l’écriture inclusive ; sa main droite est faite d’épluchures des mille crânes qu’elle a épluchés ; son ventre, que surmonte l’emplacement vide du cœur, est ouvert sur la puanteur du ventre ouvert des Indigènes de la République (on y trouve leur théorie politique : c’est une vieille pantoufle dans laquelle poussent d’assez jolies crottes de demoiselles) ; ses genoux sont faits de toute la poussière où la soumission les a jetés, pour le compte du crime ; bref, le Balimbure est un de ces égouts que n’obture aucune plaque de fonte et où il faut bien que l’on tombe quand la nuit est noire.
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