SONNET POUR HÉLÈNE
Lorsque Ronsard vieilli vit pâlir son flambeau
Et connut le néant des gloires passagères.
Il voulut échapper aux amours mensongères
Et d'une chaste fleur couronner son tombeau.
Faisant don de sa Muse et de son cœur nouveau
A la jeune vertu d'Hélène de Surgères,
Il confia ce nom à des rimes légères
Et son dernier amour ne fut pas le moins beau.
Ils se plaisaient ensemble à fuir les Tuileries
Et devisaient d'Amour sur les routes fleuries,
D'Amour, honneur des noms qu'il sauve de périr.
Le poète songeait, triste qu'elle fût belle
Alors qu'il était vieux et qu'il allait mourir ;
Mais elle, souriait, se sachant immortelle.