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Citation de Cielvariable


Marguerite commençait maintenant à avoir l’estomac à
l’envers. Elle devenait de plus en plus nerveuse, comme à la veille
d’un examen. Lorsqu’ils furent arrivés au bout du corridor dans
lequel ils s’étaient engagés, un nouveau couloir offrit deux
embranchements : droite ou gauche. Gab emprunta celui de droite
et Ced celui de gauche. Marguerite n’hésita pas une seconde et
suivit de très près Gab, alors que Jack partait avec Ced. Au bout de
quelques minutes, toujours sans avoir rencontré âme qui vive à
part les « poissons-lumière », ils arrivèrent devant une nouvelle
porte d’algues. Celles-ci s’écartèrent de la même façon que les
précédentes et Marguerite se retrouva à l’entrée d’une grande
salle au bout de laquelle se tenaient deux sirènes.
La première était une très belle femme. Elle avait de longs
cheveux noirs, tirés en arrière. Elle portait une blouse vert pâle
très ample. Le jeune sirène qui se trouvait près d’elle avait aussi
de longs cheveux noirs et droits, coiffés de la même manière que
la femme. Il portait également un vêtement vert et sa queue
s’harmonisait avec ce dernier. « Sa queue est semblable à la
mienne », pensa Marguerite.
Gab se pencha alors, fit une révérence qui dura quelques
secondes, puis se retira. Marguerite comprit qu’elle était
maintenant seule devant ces inconnus. Soudainement, sa mère
Cynthia lui manqua cruellement. Marguerite dut faire un
formidable effort pour empêcher les larmes d’obstruer sa vue. La
fatigue du voyage, ajoutée à la découverte de cet univers ainsi qu’à
ses nouveaux apprentissages, eurent raison de ses forces. Pendant
une fraction de seconde, elle sentit ses jambes se dérober sous
elle. Comment, en de telles circonstances, se rappeler qu’elle
n’avait pas de jambes ?
Elle était incapable de faire un pas. Elle se trouvait dans un
monde totalement inconnu, sans aucune référence pour la
rassurer. Dans le doute, elle se remémora le comportement de Gab
et tenta d’imiter sa révérence. Le résultat fut passablement
médiocre. Il n’est déjà pas facile de faire une révérence parfaite
sur la solidité de la terre alors qu’on dispose de ses deux pieds,
alors imaginez dans l’eau avec une queue ! La sirène s’avança dans
sa direction. Pendant qu’elle avançait, Marguerite s’attarda à la
couleur de ses écailles. Bien qu’elles fussent toutes exactement de
la même teinte lilas, on aurait dit que des nuances de blanc
venaient en adoucir l’ensemble. Lorsqu’elle fut assez près,
Marguerite remarqua aussi ses yeux. Ils étaient du même vert que
les siens. Puis, dans ces yeux, elle put distinguer une interrogation,
une certaine peur aussi, mais surtout beaucoup d’amour. Alors
elle sut ! Son sang ne fit qu’un tour... Sa mère ! Elle se trouvait en
face de sa véritable mère !
Son coeur battait la chamade, et c’est alors que des lèvres de
Marguerite s’échappa un mot qu’elle ne connaissait pas :
Naquissa !
La femme ouvrit la bouche en signe de surprise. Ses yeux
s’emplirent d’eau. Tout doucement, elle ouvrit les bras et serra
Marguerite contre son coeur. Cette douceur, soudaine et
inattendue, après plusieurs jours de nervosité, de découvertes et
d’efforts pour apprendre à nager, à respirer et à s’orienter,
procura un tel sentiment de réconfort à Marguerite qu’elle rendit
son étreinte à sa mère. Alors sa tête se vida complètement et elle
prononça encore ce mot qui lui vint du fin fond de sa mémoire :
Naquissa, avec une intonation nouvelle et plus chantante.
— Ça alors ! Comment as-tu appris à dire maman dans la
langue des sirènes ? Gabriel n’avait pas le droit de t’apprendre ça.
Celui qui venait de parler était un sirène du même âge que
Marguerite. En fait, il n’avait que trois minutes de plus qu’elle et il
lui ressemblait comme deux gouttes d’eau dans l’océan.
— Salut, je m’appelle Hosh, continua-t-il, en arborant un large
sourire.
— Et moi, Marguerite.
— Ouais, je sais, on nous avait dit que c’est comme ça qu’ils
t’avaient appelée sur terre, ajouta-t-il....
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