Ce roman m'a mise assez mal à l'aise.
L'histoire d'amour impossible entre un maître soufi et une intellectuelle décrite par la 4ème de couverture n'occupe en réalité que la moitié du livre, le reste consiste en la vie et les pensées de Najia, la narratrice, une historienne du Maroc évoluant au cœur de la société huppée marocaine. Elle fréquente le même cercle d'amis, qu'elle voit lors de soirées qui sont l'occasion de décrire avec ironie l'hypocrisie de cette bourgeoisie, et réfléchit beaucoup sur l'histoire de son pays, son rapport à la foi...
Le texte est très beau et bien écrit, ainsi qu'assez complexe et plein de références littéraires, historiques, artistiques ou encore philosophiques ; il faut une grande culture générale pour pouvoir apprécier ce roman. Ce qui m'a mise mal à l'aise, ce sont les positions de la narratrice, qui idolâtre véritablement le sultan Moulay Ismaïl et s'évertue tout le long du roman à démontrer que sa réputation de tyran n'est qu'une invention des Occidentaux, et a une foi tellement forte qu'elle semble dénigrer tous ceux qui ne l'ont pas et suggérer que la philosophie a en quelque sorte tout faux en comparaison avec le soufisme...
La "controverse" annoncée par le titre entre tradition et modernité, spiritualité et raison est en réalité tranchée dès le départ, à travers une position très univoque de l'héroïne.Quant au « tableau de la société marocaine » du résumé, il est limité à une élite de la population et aux pensées de quelques intellectuels coupés du monde…
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