Ceci est la chronique de mon injustice. Je l'écris depuis le village de Mequinenza, en Aragon, ou je vis abandonné de tous après avoir souffert les pires vexations. Ici, je suis en sécurité : personne ne me connaît, personne ne me déteste. Je laisse passer les jours telle une puce sur le dos d'un chien, dans un monde qui n'est pas le mien et qui m'ignore. Mais, a la différence des puces - transhumantes et sans racines - je viens d'une ville que j'aime par-dessus tout et qui pourtant, dans un ultime geste de mépris, m'a refusé l'érection d'un monument a moi-même. Barcelone est devenue exigeante et vaniteuse comme une femme trop choyée.
[L'enthousiaste de Pedro Zarraluki]