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Critiques de Ranuccio Bianchi Bandinelli (5)
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Quelques jours avec Hitler et Mussolini

En Mars 1938, le professeur d’université Ranuccio Bianchi Bandinelli, grand spécialiste en archéologie et en histoire de l’art antique, est chargé par le ministère de l’instruction d’une importante mission dont cet antifasciste convaincu se serait bien passé : participer en qualité de guide au voyage officiel du Führer en Italie.

Sa réserve innée, sa connaissance parfaite de la langue allemande, son érudition en matière d’architecture et d’art, l’ont d’emblée désigné pour endosser le rôle d’accompagnateur d’Hitler et de Mussolini tout le long de ce séjour culturel visant à présenter le patrimoine italien sous son meilleur jour. Au programme : visite des musées, des galeries et des monuments romains et florentins.



Dans un premier temps Bandinelli ne voit pas d’un très bon œil le rôle de guide touristique que lui impose son ministère, et s’interroge même sur la pertinence d’un attentat qui éliminerait les deux dictateurs d’un seul et même coup.

Mais Bandinelli n’est à l’époque qu’un antifasciste théorique, sans conviction définie ni réelle directive politique.

Plus tard il adhèrera au parti communiste, mais en cette année 1938, il n’est qu’un homme qui se juge « ordinaire », un être en pleine incertitude morale quant au bien-fondé d’un acte dont il ne sait si les enjeux sur sa personne et sur ses proches seront à la hauteur du sacrifice. A l’instar de certains conjurés allemands de la première heure, il doute que le moment soit propice à des actions terroristes, ni même si le peuple les comprendrait.

En effet, la seconde guerre mondiale, si elle semble inévitable, n’est pas encore amorcée ; l’Histoire n’a pas encore montré à quel point l’idéologie nazie était porteuse de destruction et de désespoir ; aucune relève politique ne semble suffisamment prête à remplacer les deux futurs tyrans…. En définitive, guidé par de seules motivations morales et sans impulsions politiques externes, l’acte individuel que pourrait mener Bandinelli n’est qu’« impuissance et fantasme ».



En revanche, sa curiosité est vivement aiguisée de voir de près ces deux « hauts » personnages pour se forger une impression directe et personnelle. S’il ne peut pas être un acteur de l’Histoire, il veut au moins en être le spectateur désintéressé et se faire le témoin impartial de ce qui se joue en direct sous ses yeux.

C’est ainsi que chaque soir, dans un petit carnet, Bandinelli consigne les impressions de ces journées passées au côté de Benito Mussolini et Adolf Hitler, Mario et Sila, tels qu’il les surnomme à l’époque, répugnant alors à les nommer ouvertement.

De la sorte, le lecteur réjoui voit s’esquisser le portrait de deux piètres énergumènes, pantins de comédie qui prêteraient à rire s’ils n’avaient, hélas, eu le monde entre leurs mains et la folie destructrice qui caractérise certains esprits dérangés.



Mussolini, grand gaillard à la peau luisante et à l’aspect massif, plastronnant tel un maquignon grotesque, et Hitler, frôlant la servilité avec sa mine soignée et son visage fané, son air emprunté et modeste…Entre l’un qui a tout du « contrôleur de tram » et l’autre qui se pavane comme un propriétaire terrien à la foire aux cochons, c’est Laurel et Hardy à la Villa Borghèse !



Dans ce court récit, Bandinelli met en évidence « le mélange de désorganisations, d’envies mesquines et d’incompétences qui caractérisaient alors les services ministériels », mais encore et surtout, démontre au fil des pages l’affligeante insignifiance de ces deux tristes sires accablés finalement de travers bassement et simplement humains.

L’un s’ennuie et ne le cache pas, l’autre utilise ses notions culturelles de peintre du Dimanche pour illustrer ses idées préconçues et faire de la moindre œuvre d’art admirée un outil de propagande nazie.

Fatuité, idées obsessionnelles, étroitesse d’esprit, faiblesse d’analyse, hermétisme primaire…Bandinelli, tout en gardant l’œil distant et neutre du témoin qui observe de loin, conserve néanmoins son esprit critique et tout en opérant un matraquage en règle des deux supposés « surhommes », révèle une grande lucidité environnementale et une compréhension vive et aiguisée des comportements humains.

C’est ce qui fait le charme et l’intérêt de ce petit récit, extrait de « Journal d’un bourgeois » paru en 1948.

Par opposition à celle pathétique et burlesque des deux dictateurs semblant tout droit sortis d’un film de Charlie Chaplin, nous retiendrons avec bonheur la finesse du tempérament, la nature simple et amicale qui caractérisent cet érudit italien épris d’art et de culture.

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Rome. La fin de l'art antique. Univers des ..

Les beaux livres déjà anciens de "L'univers des Formes", réédités dans un format plus maniable mais avec une iconographie intacte, présentent un autre avantage encore : non seulement ils sont plus accessibles et maniables, mais le texte traduit en 1970 qui commente les images, et la pensée esthétique qui le sous-tend, sont réédités tels quels, accompagnés d'une préface contemporaine (2010) qui nous rappelle le chemin parcouru par la recherche ou l'évolution des idées. Or si l'auteur, R. Bianchi Bandinelli, historien marxiste de l'art qui forma sa pensée vers 1950, n'est pas n'importe qui, les présupposés historiques qui l'animent ont été nuancés depuis soixante ans : ainsi, la notion de "Bas-Empire", l'idée que les III° et IV° siècles sont des fins ("La fin de l'art antique"), en somme la décadence romaine, ont été sérieusement révisées depuis 1950 au profit d'une étude renouvelée de ce qu'on n'appelle plus décadence, mais "Antiquité tardive", voire "Nouvel Empire", en écho à l'histoire égyptienne. L'auteur reste cependant un magnifique commentateur de l'art romain provincial, qui connaît à ces époques un grand essor : autant pour la "décadence"! Enfin, le commentaire est daté à cause de la trop nette séparation que fait R. Bianchi Bandinelli entre premier art chrétien et "fin" de l'art païen : pour qui a des yeux, il est évident que les oeuvres chrétiennes du IV°s continuent celles du passé païen. Pour laisser la parole à Claire Sotinel, à la fin de sa préface : "Ce que 'La fin de l'art antique' perd en actualité, elle le gagne en profondeur, offrant au lecteur la double exploration des productions artistiques des derniers siècles de la Rome impériale et l'apogée d'une conception de l'histoire de l'art qui a marqué le XX°s. Elle reste une mine inépuisable d'oeuvres souvent surprenantes produites par une époque qui a su enfin attirer l'attention qu'elle mérite." (p. 13)
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Quelques jours avec Hitler et Mussolini

L'auteur nous raconte ici une histoire qui peut paraître a priori ordinaire, celle d'un homme (en l’occurrence, lui) chargé d'accompagner deux hommes de nationalité différentes à travers leurs découverte des beautés architecturales italiennes et d'assurer la traduction, si nécessaire...jusque là rien de vraiment extraordinaire sauf que ces deux hommes ne sont pas Monsieur X et Monsieur Y mais Hitler et Mussolini. Eh oui, rien que ça. L'histoire se déroule en 1938, à l'époque où fascisme et nazisme ont déjà fait bien des ravages à l'intérieur de leur propre pays et contre les communistes mais où l'homme de l'époque est encore loin d'imaginer les abominations et des atrocités qui vont s'ensuivre.



Ranuccio Bianchi Bandinelli nous décrit ici la visite de ces deux hommes dans son pays de la façon la plus détachée possible. Il les examine, ne les approuve absolument pas dans leurs idées extrémistes mais a accepté cette mission uniquement par curiosité. Il les trouve anodins et les exècre en même temps. Obligé d'adhérer au parti fasciste pour pouvoir enseigner (il est en effet professeur d'archéologie et d'art antique, d'où l'une des raisons pour laquelle il a été choisi pour accompagner ces deux figures dans leur périple) sans pour autant adhérer à ses idées, il voit tout ce qui se déroule de loin, comme un spectateur assistant à une pièce de dramatique sans pouvoir intervenir sur le dénouement inévitable.



Ce petit livre, qui n'est qu'un extrait du journal de l'auteur est très agréable à lire. De plus, une courte note sur l'auteur suit immédiatement le texte ainsi qu'une postface rédigée par Angelo Caperna, ce qui permet au lecteur de décrypter ce qu'il aurait pu manquer en lui apportant toutes les précisions manquantes nécessaires.

A découvrir !
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Les Etrusques et l' Italie avant Rome. Univ..

Ce premier des trois livres de Ranuccio Bianchi Bandinelli manque d'unité dans ses sujets, en un sens : comme l'Italie avant Rome est tout, sauf une unité de civilisation, on passera des cultures préhistoriques aux Celtes, puis aux Etrusques, puis aux Grecs, sans parler d'autres cultures italiques minoritaires. Cependant cette variété même de l'ouvrage fait son charme principal, et l'iconographie de ce livre (réédité dans un format maniable) est proprement splendide. Le texte de l'historien se passe de recommandation.

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Quelques jours avec Hitler et Mussolini

Un livre très court qui livre le témoignage d'un homme qui a assisté à la rencontre entre ces deux hommes. Passionnant !
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