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Critiques de Régis Meyran (18)
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Régression de la démocratie et déchaînement de la v..

Les éditions TEXTUEL ont eu l’idée de créer une série de livres « conversations pour demain ». Ces livres se présentent sous forme de questions/réponses regroupées par thèmes. Ces dernier structurent le débat, un peu comme on le ferait pour une dissertation. Les réponses sont apportées par des spécialistes du domaine abordé. Ici pour nous parler de violence, de démocratie et des institutions (nationales et européennes) la parole a été donnée à Monique Chemillier-Gendreau, une juriste reconnue qui plaide devant la Cour Internationale de Justice, enseigne le droit public et les sciences politiques et ne cache pas ses opinions. Ouvertement de gauche, elle plaide entre autre pour la reconnaissance d’un statut de réfugié écologique.

Dans cet ouvrage loin de faire étalage de ses connaissances ou de donner un cours de droit, elle décortique l’idée de démocratie du point de vue de l’Histoire, du droit (national, de l’union européenne et international) mais aussi des idéologies qui ont porté cette notion. Elle s’interroge, critique, ose écrire ce que d’autres ne s’autorisent même pas à penser tout bas. Elle reprend des notions essentielles à l’idée de démocratie comme celle de la paix et en bouleverse le socle en disant qu’une société juste et bonne ne peut passer que par la conflictualité. Elle nous rappelle ce que sont vraiment les droits de l’Homme : un dû arraché, conquis par le peuple et non quelque chose de concédé par le pouvoir.

La lecture est facile et abordable. Pas besoin d’être juriste pour comprendre ce qu’elle écrit.

On peut être en accord ou en désaccord avec les propos tenus mais le plus important c’est qu’il y a derrière ces écrits de véritables questions qui sont soulevées et auxquelles l’auteur a essayé d’apporter de vraies réponses construites et étayées et pas simplement une opinion sans fondement.
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La Droitisation du Monde

En prenant ce livre à la bibliothèque, je salivais d’avance : enfin un auteur qui va pouvoir mettre en chair de manière limpide ce sentiment diffus d’une droitisation rampante que j'observe au quotidien dans mon univers socioprofessionnel.

Or, malgré des efforts indéniables sur 175 pages, François Cusset n’est pas parvenu à m’éclairer réellement. Est-ce la faute à un langage trop universitaire ? A une mise en perspective historique abyssale ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que je reste un peu sur ma faim...

Pourtant, comme vous pourrez le découvrir dans les citations ci-jointes, l’analyse est pertinente.

Mais, il manque incontestablement ce petit supplément d’âme (qui en ferait un ouvrage de référence) peu compatible, hélas, avec les codes de l’étude scientifique choisis par l’auteur.

Trop de sécheresse tue l’intérêt du sujet. C’est peut-être là que le bât blesse...
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Où sont passés les intellectuels ?

La pensée critique doit savoir nager à contre courant



Outre la préface de Régis Meyran, le livre est composé de trois parties :



De la naissance à l’éclipse des intellectuels



L’essor des néoconservateurs



Quelles alternatives pour demain ?



Malgré le faible nombre de pages, Enzo Traverso soulève et analyse de nombreuses questions. Je n’en évoque que certaines dans cette note.



Dans la première partie, Enzo Traverso traite les sens donnés à « intellectuel », le passage de l’adjectif au nom, au substantif, les différences entre les philosophes de cour, de l’époque des Lumières et la figure de l’intellectuel « moderne » avec l’affaire Dreyfus « L’intellectuel questionne le pouvoir, conteste le discours dominant, provoque la discorde, introduit un point de vue critique ». L’auteur souligne le rôle de la presse, de l’essor de l’industrie culturelle , dans la construction d’un espace public de confrontations. Il souligne les contradictions de la modernité naissante, la place des imaginaires nationaux.



L’auteur compare aussi la situation en France, au début de XXe siècle (absence de clivage entre le savant et l’intellectuel) et en Allemagne (savant incorporé à l’appareil d’État) tout en ajoutant que dans les deux pays, les nationalistes définissent l’intellectuel « comme un journaliste ou un écrivain cosmopolite, déraciné, souvent juif, incarnant une modernité haïe. L’intellectuel est presque toujours un outsider ». Il souligne aussi les « passerelles », les passages, entre le « conservatisme » et le « progrès » (par ex : Thomas Mann).



Si nombre d’intellectuels de « gauche », engagés, sont connus, il ne faudrait pas oublier ni ceux de « droite », ni la polarisation entre révolutionnaires « communistes » (voir remarques en fin de cette note) et fascistes, ni la haine des intellectuels sous les fascismes et plus généralement sous les dictatures.



Particulièrement intéressantes sont les présentations sur « la puissante vague de chauvinisme » (1914), la « grande vague pacifiste » (années 20), l’antifascisme comme ethos, le trouble limité lors du pacte germano-soviétique, la nécessaire historicisation de l’antifascisme, sans oublier des remarques sur l’ignominie de certains actes de « compagnons de route » des partis communistes (« Le stalinisme a exercé une contrainte lourde sur la pensée des intellectuels »). Certains intellectuels, mais peu nombreux, furent à la fois antifascistes et antistaliniens.



Ne communiant pas avec les regards peu critiques actuels sur Jean Paul Sartre ou les polémiques contre Albert Camus, je partage l’avis de l’auteur sur la nécessité de les descendre de leur piédestal et « les soumettre à une véritable historicisation critique ».



Aujourd’hui « le langage de l’entreprise se généralise à l’ensemble de la société et ceux qui l’utilisent pensent que la modernité consiste à remplacer les intellectuels par des gestionnaires », l’expertise se substitue à la critique, le concret immédiat utilitaire à la recherche et à la compréhension. De plus, dans un cadre d’une massification d’accès à l’université et plus globalement aux savoirs, se développe une forte spécialisation, une division accentuée des matières et des connaissances, ce qui ne manquera de provoquer des tensions et de nouvelles aspirations.



Entre « défaite historique » et tournant politico-économique libéral, la scène médiatique est aujourd’hui dominée par les néoconservateurs.



Enzo Traverso part d’un fait important, « l’intellectuel est devenu un travailleur comme un autre », souvent très précarisé. Ilest aussi plus directement « soumis aux tensions et aux conflits sociaux » (voir grève de 2009 contre la réforme de l’université). L’auteur insiste sur la réification de la culture, la puissance des médias., la culture de l’image, les groupes monopolistes dans l’édition et leurs critères de profitabilité et de retour sur investissements, le livre comme marchandise et produit de marketing.



Une place centrale est donnée à « la chute du Mur » qui « achève la parabole ». C’est maintenant la « fin de l’histoire », la « fin des idéologies », le marché présenté comme seule possibilité, comme seul présent, futur et… passé.



Si les pages sur cette défaite décrivent bien les évolutions, je suis plus dubitatif sur l’articulation des arguments (j’y reviendrais en fin de note).



La « fin de l’histoire » se conjugue à la remise en cause des utopies comme « mesure prophylactique ». Mais comme le souligne l’auteur « Le vieux paradis est devenu l’enfer, mais le monde reste divisé entre le paradis et l’enfer ».



Les intellectuels dissous, invisibles, les « intellectuels médiatiques » peuvent parader. Ils ne sont ni experts, ni intellectuels spécifiques et très rarement critiques (ils contribuent le plus souvent à légitimer le pouvoir). Ils paraissent, en jouant des cordes humanitaires, un humanitarisme contre l’engagement qui ne pourrait déboucher que sur le totalitarisme.



Parmi d’autres points abordés, je souligne la critique du « culte mystique » autour de la destruction des juifs et des juives d’Europe, dont la matérialité disparaît, à mes yeux, dans le nom Shoah, la multiplication des lois mémorielles et certains déroulements de procès qui « ont contribué à créer l’illusion néfaste selon laquelle, au-delà de l’administration de la justice, le droit pourrait écrire l’histoire, en fixant, par un verdict, sa vérité ».



L’auteur termine sur des réflexions autour de Michel Foucault, comme intellectuel spécifique, la discipline des vies, le contrôle des corps (le biopouvoir), le déchaînement du pouvoir souverain au cours du XXe siècle et la place de la « critique postcoloniale ». Il souligne que « L’histoire n’appartient pas à ceux qui exercent le métier de l’écrire… ».



Sans oublier les mutations technologiques (micro-informatique, internet) et les accélérations permises dans les recherches, il souligne que la pensée ne surgit pas de l’instant mais de la réflexion, de l’échange, du lien social (et non de l’individualisation, à ne pas confondre avec l’autonomisation des individus ou de l’atomisation de la société).



Et si « la rupture entre intellectuels critiques et mouvements sociaux reste considérable » (voir sur ce sujet le livre de Razmig Keucheyan : Hémisphère Gauche. Une cartographie des nouvelles pensées critiques, Editions Zones ), s’il convient de combattre la dominante neutralité analytique (« Or, cette apparence de neutralité analytique, purement technique et calculatrice, vise en réalité à neutraliser la réflexion critique et à naturaliserl’ordre politique », les mobilisations des révolutions arabes ou autour des biens communs ré-ouvrent la porte des utopies.



D’une certaine manière, « le silence des intellectuels est le miroir d’une défaite historique », mais cette défaite ne saurait être réduite à la transformation d’une révolution en dictature avec ses cortèges de crimes et d’ignominies (là-bas et ici, dans les soutiens et dans de multiples activités sociales, politiques). Cette défaite doit être aussi analysée, et sur ce point je suis étonné des silences de l’auteur, comme la non-capacité à créer, autour d’une utopie, du principe espérance, une hégémonie sociale inclusive (majorité des dominé-e-s). Le peu de prise en compte des divisions profondes entre salarié-e-s, des avantages relatifs que certain-ne-s en tiraient, des effets matériels de ces asymétries se traduisant en terme de domination (hommes/femmes, « nation » colonisatrice / peuples colonisés, États impérialistes ou dominants / États dominés, etc.), la négation du caractère très relatif de « nos » orientations « universelles », ont participé de la division objective des dominé-e-s. La faiblesse de l’appropriation critique des apports du/des marxismes, l’hypertrophie du rôle des partis (souvent réduit à un), la simplification des hypothèses stratégiques, la sous-estimation des débats autour de la « démocratie radicale » à inventer ou de l’auto-organisation indispensable des dominé-e-s ont concouru à cette défaite.



La référence au communisme ne saurait être détachée, à partir d’une certaine période, au stalinisme réellement existant, même si ce recouvrement n’est pas sans contradictions. Au delà des justes remarques de l’auteur, ce passé continue de peser, faute de bilan critique radical, et élargi à l’ensemble des politiques du PCF sur près d’un siècle (les courants révolutionnaires anti-staliniens n’étant pas à exempter de cette relecture critique).



La majorité des dirigeants staliniens, comme ils se désignaient eux-mêmes, se sont dressés systématiquement contre les luttes et les processus révolutionnaires qu’ils jugeaient contraires aux intérêts de l’Urss ou de la « nation » (la grève est l’arme des trust de Maurice Thorez, le vote des pleins pouvoirs lors de la guerre d’Algérie, pour ne citer que deux exemples). Si certains n’ont pas accepté, beaucoup d’intellectuels de renom n’ont rien dit, ont approuvé, justifiant la politique de leur parti sur ces sujets ou, plus tard lors des répressions des soulèvements populaires en Hongrie, en Pologne, sans oublier pour certains, le soutien à la révolution culturelle maoïste, ou aux délires albanais. Sans oublier les silences lors des massacres dans les colonies au sortir de la seconde guerre mondiale, les premières positions contre la contraception et l’avortement, etc.



Les intellectuels critiques sont restés silencieux ou devenus louangeurs d’un certain nombre d’ignominies, pour utiliser un mot de l’auteur. Et cela aussi a concouru à la défaite.



J’ajoute que je trouve étrange qu’un chercheur, clairement positionné du coté de l’émancipation, n’interroge pas le genre des intellectuels et oublie les intellectuelles. L’apport depuis près d’un demi-siècle, des féministes radicales, invisibilisé par les universitaires hommes, est de très grande qualité. Il en est de même d’un certain nombre de penseurs de la « périphérie ».



Au delà de ces remarques critiques, en marge de l’ouvrage, ce petit livre est extrêmement enrichissant et stimulant.




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L'argent sans foi ni loi

Qu’ils sont énervants, les Pinçon-Charlot ! C’est un peu comme ses vieux amis qu’on revoit de temps en temps, qui nous agacent parce qu’ils nous abreuvent de bons conseils (et toujours les mêmes…), mais dont on sait bien au fond de nous-mêmes qu’ils ont raison et qu’on ferait mieux de les écouter.

Dans ce court livre d’entretien avec Régis Meyran, ils reviennent sur les principaux apports de leurs recherches de ses dernières années et en livrent une synthèse éclairante. Dans la première partie, « Pourquoi l’argent est-il devenu fou », ils retracent, sur une longue durée, les différents process qui ont abouti à la situation actuelle où l’argent est perçu comme valeur suprême de l’existence, et où les riches accaparent de plus en plus de ressources au détriment des autres.

Dans une 2ème partie, « Les financiers mènent le monde, mais jusqu’à quand ? », ils analysent les raisons et les mécanismes de la domination de la finance sur notre civilisation (et notamment l’interpénétration des sphères politiques et économiques), et proposent quelques pistes – à vrai dire bien difficiles à mettre en œuvre et à la réussite incertaine – pour mettre fin à cette situation.

Mais cela serait finalement assez convenu s’il n’y avait pas aussi la finesse d’analyse et la justesse du regard dont les 2 sociologues sont coutumiers : leur remarque sur le corps des riches, mince et sec, et le corps des pauvres, où « l’obésité est une somatisation des rapports de classe ». Leur compréhension de l’entresoi des riches. Leurs remarques sur l’éducation à l’argent de la bourgeoisie ; sur la présence de la noblesse dans la finance, sur les traders « usés à 35 ans et qui jugent tout par rapport à l’argent », sur les classes moyennes supérieures qui survalorisent leur capital culturel pour mieux supporter leur déclassement financier. On ne peut qu’être admiratif devant tant de pertinence.

Tout au plus pourrait-on reprocher à cet opus la relative absence de nouveauté pour ceux qui suivent régulièrement les publications des Pinçon-Charlot, et le prix plutôt élevé ( 12 € pour 88 pages).


Lien : http://lespicilege.wordpress..
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Ce populisme qui vient

Contre le théâtre paranoïaque, analyser les rapports sociaux



Pour Raphaël Liogier « Parler au lieu et place du peuple tout entier, voilà ce qu’est le populisme », et l’auteur souligne aussi « le ton imprécatoire et mystique » souvent utilisé ou le mythe d’une communion avec « la vérité populaire »



Les discours « populistes » se déploient, me semble-t-il, dans la simplification et la mystification des réalités, contournent, lorsqu’ils ne les nient pas, les rapports sociaux réellement existants. Les crises systémiques (économique, sociale, de représentation politique et de nos rapports à l’environnement) et l’absence de politique d’émancipation crédible et à vocation majoritaire libèrent des espaces politiques où s’épanouissent des réponses nationalistes, sectaires, religieuses, d’extrême-droite, « populistes », sans oublier les tentations fascistes, qui ne pourront être tenues pour négligeables dans un avenir proche.



Discours au nom du « peuple ». Comme le souligne l’auteur « Le peuple n’est rien et il est tout à la fois, partout et nulle part, pourtant chacun semble savoir de quoi l’on parle. L’image fantomatique et omniprésente du Peuple passe par une certaine indétermination, par le flou de sa définition, qui le rend insaisissable et permet de rassembler en son nom, au-delà des distinctions idéologiques classiques, et d’insuffler même une étrange atmosphère d’unanimisme ». En somme, un « nous » artificiellement construit et une vision « manichéenne du monde ». Je partage l’idée qu’il ne s’agit pas seulement d’une posture contestataire mais que « le populisme consiste justement à sortir de la logique de la contestation émanant des marges extrémistes, que ce soit de l’extrême-droite ou de l’extrême-gauche ». Sauf que l’acceptation, par l’auteur, de parallèles entre extrême-droite et extrême-gauche me semble d’une rhétorique faible ou simpliste, et interroge sur son propre point de vue politique.



Quoiqu’il en soit, Raphaël Liogier analyse la place centrale de « l’ennemi omniprésent » dans ces discours : « c’est le Juif dans les années 1930, qui tire les ficelles en secret, dirige le monde, qui est inférieur mais, en même temps, malin, subtil, veule. Aujourd’hui, le musulman a pris la place du Juif ». Il ajoutera, plus avant dans livre que « Nommer sa souffrance, lui donner une circonférence (au demeurant complément chimérique), permet de soulager un peu l’angoisse ».



L’auteur souligne, entre autres, la « suspension du jugement et du regard critique », dimension qui me semble dépasser « le populisme », la notion de l’« âme du peuple » qui me semble caractériser presque tous les nationalismes, la « majorité quantitative » qui « se considère comme minoritaire ». A très juste titre, il montre le renversement construit « les minorités, mêmes les plus faibles objectivement, peuvent être vues comme surpuissantes et toujours plus nombreuses que ce que les apparences pourraient laisser croire ».



L’auteur traite aussi de l’idée du « tous pourris », des « élites corrompues ». Sa dénonciation aurait été autrement plus forte, s’il avait relié sa critique aux mécanismes de corruption bien réels, à la critique de la place auto-attribuée des « élites » ou aux mécanismes institutionnels de confiscation du pouvoir.



Et j’aurais été plus satisfait si les points forts de ses réflexions sur l’antipopulisme avaient innervé la totalité des analyses : « L’antipopulisme se refuse à admettre l’existence d’une entité unique, un bloc total, qui serait « le peuple », dans lequel justement se confondraient – et disparaîtraient ! – les reliefs, les antagonismes, les intérêts multiples et contradictoires de la population », ou des groupes sociaux en rapports asymétriques les uns par rapport aux autres.



Il me semble que Raphaël Liogier schématise le sens des causalités lorsqu’il écrit « L’ambiance populiste actuelle agit comme un acide qui dissout ce qui est constitutif de nos démocraties… » et non que les politiques menées dissolvent les possibles démocratiques et favorisent les discours « populistes » qui renforcent la dissolution, etc.



Plus intéressantes me semblent ses réflexions sur la laïcité, à lire en complément le texte de Christine Delphy et Raphael Liogier : (http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/07/06/nouvelle-laicite-ou-ordre-moral%E2%80%89/), les lois d’exception, la politique modelée par le marketing…

Reste que le terme « populisme » ne me paraît pas adéquat à clarifier les formes politiques qui peuvent se développer lors des crises systémiques du mode production et de reproduction et notamment celles que nous vivons. Peu ancré dans les contradictions des rapports sociaux, le terme reste surtout descriptif et masque, au moins une partie, la matérialité, l’épaisseur des relations sociales et politiques.



Je signale, sans m’y attarder, une série de divergences avec les propos de Raphaël Liogier, entre autres, sur le Front National « Marine Le Pen aujourd’hui n’est plus un leader d’extrême-droite, elle qui se dit anticapitaliste », l’auteur reprendra plusieurs fois le terme anticapitaliste pour caractériser le « cœur du discours frontiste », sur la soit-disant idéologie de défense des intérêts du prolétariat par le PCF, sur « le sentiment de frustration collective », sur le niveau d’inflation depuis le passage à l’euro, sur la simple caractérisation de caudillo pour Hugo Chavez au Venezuela, sur la « crise identitaire » comprise comme « crise symbolique », sur la soit-disant moindre tolérance du système actuel des liens entre politique et argent, sur son appréciation du Non à la Constitution européenne, sur la Terreur comme première expérience totalitaire, sa préférence pour un État fort, sa défense d’un certain « libéralisme » non vraiment défini, etc.



Au delà de divergences, un livre qui donne un éclairage intéressant sur quelques formes politiques dangereuses, y compris à gauche, actuellement en plein essor, et qui pourraient se transformer en forces politiques encore plus agressives, plus antidémocratiques avec l’approfondissement de la crise socio-économique. Sans oublier les violences, déjà à l’œuvre quotidiennement, contre des populations Rroms, des musulman-ne-s ou considéré-e-s comme tel-les, des homosexuel-es et les femmes (pas une nouveauté mais une caractéristique des rapports sociaux de genre).



Je termine cette note par une dernière citation qui souligne une réalité mais aussi l’ambiguïté de l’appréciation : « Quand de plus en plus de politiques prétendent ne pas être vraiment des politiques, c’est le signe que nous sommes immergés dans une atmosphère populiste »



Des débats donc à poursuivre, non seulement sur les analyses mais sur les réponses concrètes à construire et sur l’horizon espéré.
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L'argent sans foi ni loi

Le titre très percutant annonce la couleur, surtout quand l’on sait que les auteurs, le couple de sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sont spécialistes des "riches" (ils ont publié notamment « les ghettos du gotha »).

Pour en faciliter la lecture, cet essai se présente sous la forme d’une conversation menée par Régis Meyran, anthropologue, avec les sociologues. Le livre se scinde en deux parties : la première présente « pourquoi l’argent est-il devenu fou » et la seconde dénonce « les financiers [qui] mènent le monde, mais jusqu’à quand ? ».

Cet essai est très intéressant car en le lisant, je me suis remis en mémoire pas mal de notions économiques d’hier et d’aujourd’hui : dématérialisation de l’argent, dérégulation de la finance, mondialisation, spéculation, système capitaliste, paradis fiscaux… Par le biais de nombreuses notes, les interviewés font des renvois à d’autres auteurs qui peuvent permettre d’approfondir les idées abordées.

J’aime assez le parti pris des auteurs qui disent que « l’argent est devenu est un marqueur social tout aussi visible qu’un carré Hermès ». Aujourd’hui, difficile de ne pas considérer l’argent comme une fin en soi ! La fameuse citation de Séguéla a enfoncé le clou et marqué les esprits malheureusement : « on n’a pas réussi sa vie à 50 ans si on ne possède pas de rolex ». Évidemment, dans cet opus, les « riches » sont montrés du doigt et ne brillent pas par leur empathie envers les « pauvres » ou classes moyennes ! Et surtout, la thèse du couple Charlot, c’est que les riches se servent de l’argent comme outil pour asphyxier les classes populaires et maintenir leurs avantages et privilèges. On est loin de l’argent créateur de lien social…

Un petit bouquin pessimiste mais vraiment éclairant en ces temps de crise et d’austérité.
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Paniques identitaires

Identit(é)s fantasmée(s) ou figée(s) : le refus de l’égalité et de la liberté





Dans leur introduction,Laurence De Cock et Régis Meyran reviennent sur des emportements médiatiques autour du burkini, d’une rixe entre deux bandes rivales sur la plage de Sisco, des affirmations autour du « pays menacé dans son identité », de prises de positions des un-e-s et des autres sur l’« ordre », la « laïcité », les « valeurs de la République » et parlent de « panique identitaire ».



Pour les auteur-e-s, la « panique identitaire » est un cas particulier de « panique morale ». Ce concept a été élaboré par Stanley Cohen qui « définit la panique morale par la forte préoccupation de l’opinion publique (mesurable par des sondages) vis-à-vis d’un groupe dont le comportement est vu comme une menace pour les valeurs de la société ou pour l’existence même de cette société ». « Panique morale » qui nécessite comme porte-voix, des « entrepreneurs de morale » sorte de nouveaux croisé-e-s modernes ou de Don Quichotte…



Elle et il proposent une définition : « La panique identitaire, qui met en jeu à la fois les représentations de soi d’un groupe social – sa supposée identité, pensée de façon essentialiste et culturaliste1 – et la perception que ce groupe a d’un autre groupe social – pensé lui aussi de façon essentialiste et culturaliste, présenté comme une menace et dès lors diabolisé. » Ici le groupe « inquiétant » est le plus souvent « les musulmans », celles et ceux qui ne sont pas « blanc-he-s », « chrétien-ne-s », « de souche ».



Quelques remarques personnelles sur ces sujets.



Ces « entrepreneurs de morales » créent à la fois le « problème » et le « groupe » source assigné au problème. Dois-je souligner, que nul-le individu-e ne peut être réduit à une seule « détermination », que celle-ci soit la couleur de peau, la religion supposée (et supposée identique pour toutes et tous les membres du groupe ainsi inventé/constitué), l’origine, les pratiques sexuelles, etc. ?



Chacun-e naît en un lieu, un « pays » au hasard de l’habitation de ses parent-e-s et en devient, éventuellement, citoyen-ne par des législations… cela ne dit que peu de chose, voire rien, sur la personne, son devenir, ses possibles… La même chose prévaut pour un éventuel rattachement à un espace religieux, jamais réductible à « une » religion, et susceptible de multiples interprétations et pratiques.



Mêmes les bureaucrates nazis, malgré d’âpres discutions, ont du recourir à d’étonnants arbitrages pour définir ce que pourrait-être un « Juif ». Aucune définition identitaire, essentialiste ou culturaliste ne permet de fournir une réponse. Celle-ci pour exister implique toujours un choix politique.



Par ailleurs, je rappelle que si l’on ne naît pas « Z » mais qu’on peut le devenir, il reste possible de démissionner de cette attribution que d’autres vous octroient (Dans ma note de lecture de l’ouvrage de Shlomo Sand : Comment j’ai cessé d’être juif, j’avais écrit : « Ne pas accepter une « identité » octroyée, se libérer de « cette étreinte déterministe », ne pas accepter les mythologies construites pour l’étayer, ne pas passer sous silence les crimes commis en son nom, est un cri politique salutaire. Un cri souvent poussé par les dominé-e-s dans des rapports sociaux, enfermé-e-s dans des identités inventées – « La politique moderne des identités est faite de fils barbelés, de murailles et de barrages qui définissent et bornent des collectifs, petits ou grands » – pour mieux les essentialiser ou les naturaliser, pour justifier les ordres sociaux bénéficiant aux dominant-e-s ». je faisais aussi référence à « Refuser d’être un homme » de John Stoltenberg.

Ces remarques, d’autant plus que je reste dubitatif sur la notion même d’« identité » ne sont donc pas un pas de côté…



Donc, les auteur-e-s « supposerons ici qu’une panique identitaire est causée par un groupe donné qui diffuse dans l’espace public un mélange de faits discutables et d’idéologies, avec l’objectif plus ou moins explicite de canaliser les peurs des individus, dans le but de convaincre le plus grand nombre de rejoindre leur groupe. Cette démarche est appuyée par des entrepreneurs identitaires qui entretiennent ainsi une croisade identitaire, à laquelle on peut supposer qu’ils croient à des degrés divers ».



Elle et ils abordent, entre autres, ces « paniques identitaires », les « nouveaux régimes de vérité », des « théories du complot », les ennemis imaginaires, les groupes « bouc émissaire », la fédération d’« individus autour d’une appartenance identitaire figée, fermée, pure et fantasmatique (par exemple, la nation, vue comme ethniquement et culturellement homogène) et éventuellement d’un chef providentiel qui incarne le peuple et parle en son nom – ce dernier point étant commun avec la logique des vieux fascismes et systèmes autoritaires du XXe siècle ».



Laurence De Cock et Régis Meyran analysent « l’histoire longue des figures françaises de l’altérité », les reconfigurations racistes d’« un nouvel ennemi prototypique et chimérique » après les décolonisations et l’arrivée massive de travailleurs venant du Maghreb, la renaissance de l’antisémitisme, les nouvelles figures stéréotypées : « Le jeune à capuche ou le barbu islamiste (tous les deux potentiellement djihadistes). Surtout, une autre figure occupe désormais toute la place médiatique, celle de la femme musulmane. »



Les « paniques » ne sont pas des nuages flottants dans la nébuleuse des craintes, des rêves ou des cauchemars, de simples idées, des constructions mentales. Outres qu’elles ont des effets matériels, elles participent bien des rapports sociaux, « cet opus a pour vocation de fournir des outils intellectuels directement transposables dans l’engagement – qui nous semble urgent – contre le discrédit de justes causes et contre la banalisation des rhétoriques et pratiques du pouvoir autoritaires dont le contexte récent des dramatiques attentats terroristes semble masquer le danger pour la démocratie »



Les auteures proposent de multiples champs de réflexion sur le racisme, les discriminations de genre, l’immigration, les obsessions, le culturalisme, les enjeux mémoriels, le color blindness, l’imbrication des dominations… et présentent brièvement les différents textes du livre.



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Sommaire :



Introduction, par Laurence De Cock et Régis Meyran



« Malaise identitaire » contre « affirmation identitaire » : les usages du mot « identité », par Régis Meyran



1968 ou le début de la fin. Catastrophisme anticontestataire et contre-sens identitaire, par Ludivine Bantigny



Le roman national au cœur des paniques identitaires, par Laurence de Cock



Le discours du « communautarisme », une logique de la guerre identitaire, par Fabrice Dhume



Le bon genre de l’identité nationale, par Fanny Gallot



L’insécurité culturelle : usages et ambivalences. Notes critiques à propos du livre de Laurent Bouvet, par Klaus-Gerd Giesen



Paniques identitaires, paniques territoriales : une spatialisation des crispations identitaires, par Cécile Gintrac



La diversité « à la française » ou la tentation d’une égalité sous conditions de performance identitaire pour les « non-frères », par Réjane Sénac



Panique sécuritaire et panique identitaire : quelques usages de « l’insécurité », par Laurent Mucchielli



L’ Algérie à Cologne, par Jocelyne Dakhlia



J’ai choisi de m’attarder sur l’introduction. En ne prenant que certains éléments traités dans les textes, je voudrais en discuter certaines facettes, quitte à m’éloigner de la thématique centrale de l’ouvrage. Je ne reviens pas sur les quelques remarques déjà exprimées.



Il faut faire la différence entre l’auto-nomination soit une « identité revendiquée » et l’assignation par d’autres et donc une « identité imposée ». Contre les assignations, les auto-définitions des populations et des personnes se sentant concernées sont en effet importantes, (voir les propositions d’auto-définition, « What is this person’s race ? » dans des formulaires de recensement aux Etats-Unis, un exemple est donné dans le livre de l’Union juive française pour la paix : Une parole juive contre le racisme.

Mais que nomme vraiment cette « identité » ? Une assignation, son refus, un retournement de stigmate, une référence au passé, une tension vers le futur ? Quoiqu’il en soit, une expression toujours partielle de soi.



Combinaison de dimensions variables, inscrites dans un temps historique plus ou moins épais, les identités ne sont ni uniques ni figées. Quant à l’extension/attribution d’une identité à un groupe, quel qu’il soit, la chose en devient plus hasardeuse…



Nommer dans l’imbrication des rapport sociaux et des dominations, c’est toujours prendre en compte – même dans sa négation – la division et la hiérarchisation. Hier, la matrice des rapports sociaux de racisation relevait, le plus souvent, d’une fantasmatique notion de « race » aux pseudo-fondements biologiques, aujourd’hui certain-e-s voudraient imposer une version, le plus souvent culturelle (avec des variantes religieuses ou non, des orientations liées à la descendance ou à l’origine socio-géographique, etc.). Il s’agit toujours de hiérarchiser des individu-e-s en groupe désigné… comme communauté à l’« identité » particulièrement identitaire.



En passant, un grand silence est imposé sur les « communautés » majoritaires, celles qui servent de « référence » dans cette construction socio-idéologique. Trois exemples : le masculin qui incarnerait le neutre dans l’invisibilité ou la spécification des femmes, la peau blanche comme sans couleur contrairement aux autres pigmentations, l’hétérosexualité comme sexualité légitime ; sans oublier ces prolétaires qui semblent avoir disparu-e-s…



A cela, il faut aussi ajouter, comme présents et non comme traces effaçables du passé, hors des éclosions du messianisme républicain ou de l’universalisme abstrait, les manifestations polymorphes des dimensions nationalitaires de minorités « extra-territoriales » ou de personnes aux attachements pluri-nationaux. (Didier Epsztajn, Patrick Le Tréhondat, Patrick Silberstein : « Avant-propos » à la réédition de la Question des nationalités d’Otto Bauer, aux éditions Syllepse – mise en ligne prochainement sur ce blog). Dit autrement : des groupes de personnes ayant de manière plus ou moins étendue et contradictoire une expérience sociale partagée.



Quelque soit la position prise sur ces sujets, nous restons loin de la liaison entre « identité » et « nation » ou Etat et « valeur », caractérisation de la « France », de la « République ». République qui n’est pas sociale, malgré les révolutions de 1793 ou de 1848 ; République à l’étendard de « liberté, égalité, fraternité » mais où le sacro-saint droit de la propriété lucrative écrase et nie les autres droits ; sans oublier que ce qui semble faire la fierté des nouveaux « identitaires » a été conquis par des luttes, arraché à tous les réactionnaires, aux défenseurs intransigeants de « valeurs » exclusives : droit de vote – longtemps resté masculin, malgré sa caractérisation d’universel et toujours nationalitaire privant ainsi des millions de citoyen-ne-s résident-es de ce droit, Code du travail pour limiter la subordination des travailleurs et des travailleuses, droit à la contraception et à l’avortement, dépénalisation de l’homosexualité et droit au mariage non lié à une forme particulière de sexualité, etc.



Leur « perte d’identité », leur « panique identitaire » ont avant tout comme base(s) les avancées de l’égalité des droits, de l’égalité – contre la prétention confiscatoire d’une communauté auto-proclamée référencielle -, de l’égalité et de la liberté de toutes et tous…



Combattant les avancées sociales et les droits obtenus, les un-e-s regardent la période d’avant Mai 68 avec « une certaine mélancolie pour l’ordre ancien », dénient la place d’une gigantesque grève de salarié-e-s – celle qui posait d’une certaine façon la question du « pouvoir ouvrier ». D’autres, parfois les mêmes, nous inventent un « roman national » écrit par des vainqueurs, une histoire « reposant sur une ligne du temps chronologique, linéaire et progressiste, jalonnée et rythmée par des grands personnages et des événements considérés comme significatifs et objets de fierté » et oublieuse des femmes, des esclaves, des colonisé-e-s, des minorités, des ouvrier-e-s, de toutes celles et tous ceux – la majorité de la population – qui justement ne sont pas « significatifs/significatives »… Un roman de la France éternelle, toujours existante – même avant son invention ou sa construction – dans une continuité mythique (En complément possible, Suzanne Citron : Le mythe national, L’histoire de France revisitée.

Certain-e-s semblent omnibulé-e-s par des communautés – mais bien évidemment pas par les leurs -, un « communautarisme » jamais défini mais considéré comme incompatible avec le creuset fantasmatique de la « nation » française, oubliant bien vite les rapports sociaux et les rapports de domination qui fractionnent réellement un « ensemble » déterminé par les institutions et où l’adhésion des un-e-s et des autres ne semble pas requise mais « naturellement » acquise par le fait de naissance et parfois par les naturalisations… Ainsi nous naîtrions identitairement constitué-e-e !



Il y aurait donc des éléments sains et d’autres « étrangers » au corps identifié France. Il y aurait des « pratiques françaises » et d’autres de « populations minoritaires » ; car il faut bien « maintenir le monopole du groupe majoritaire sur la définition de l’ordre de la Cité » qui ne relèverait pas de choix citoyens et politiques mais d’une essence transcendantale a-historique !



Du communautarisme à l’insécurité, de l’insécurité à la guerre des civilisations, le chemin construit d’« un discours de la guerre ouvrant une incrimination et une prohibition visiblement sans fin », d’une « racialisation de l’identité nationale », dont je souligne, comme l’écrit un des auteurs le point primaire d’invention : « la croyance dans l’exceptionnalité d’une nation qui s’imagine être le point d’articulation de la civilisation ».



Et lorsque cette exceptionnalité revendiquée se fait sur les droits des femmes, l’égalité soit-disant déjà-là, l’absence de sexisme et d’hétéro-sexisme de la société française, l’absence des violences et des viols au sein des familles, la non-différence des rémunérations, le beau partage des tâches domestiques, la parité en politique et en responsabilité, la laïcité mais sans liberté de conscience et de pratique, y compris dans l’espace public… sa traduction réelle est une altérité des un-e-s en regard d’une autre altérité fantasmée et mensongère. (En complément possible, Christine Delphy : Un universalisme si particulier. Féminisme et exception française (1980-2010).

Les nouveaux identitaires mettent en avant des questions dites culturelles soit-disant indifférentes aux questions sociales. Les réalités sociales sont résumées à un découpage spatial des groupes sociaux, une invention « sociologique » de classes moyennes à l’extension sans borne, un « aplatissement du monde au profit de quelques catégories », une survalorisation d’éléments réduisant des personnes à leur ascendance, leur passé (réel ou imaginaire), leur pensée ou pratique « religieuse » – particulièrement pour les immigré-e-s (dont celles et ceux français-e-s considéré-e-s comme pas tout à fait français-e-s) ou pour l’islam, alors que la montée des fondamentalismes touche tous les corpus de religion (catholicisme, évangélisme, autres chrétientés, judaïsme, hindouisme, islam, etc.), un déterminisme « religieux » remplaçant le déterminisme « racial » difficile aujourd’hui à revendiquer…



Au delà des points commentés, chacun-e pourra trouver des pistes de réflexion, des invitations à agir contre ces paniques identitaires construites à l’ombre des politiques néo-libérales et d’une certaine forme de mondialisation, de la dégradation des conditions de travail et du vivre ensemble, du régime de la « concurrence libre et non faussée » entre individu-e-s seul-e-s responsables de leur situation – comme hors de tous rapports sociaux et de l’histoire… Il ne faut pas s’y tromper la montée des « identités » est aussi un effet de l’individualisation narcissique ou de la guerre de toustes contre toustes prônée par le néolibéralisme, la méritocratie et la concurrence. A l’opposé des valeurs discriminatoires, nationales ou non, religieuses ou non, nous pouvons opposer l’égalité et la liberté pour toutes et tous, la mise en commun de pratiques historiques et sociales diversifiées, dans le respect de l’égalité et des droits de toustes – de tous les droits, faut-il le préciser… Ce qui nécessite des combats politiques, la construction de nouvelles formes institutionnelles prenant en compte les choix et les formes de sociabilité auto-définies et choisies par les un-e-s et les autres, etc.
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Régression de la démocratie et déchaînement de la v..

La résistance à l’oppression est le droit à avoir des droits



Dans la préface Regis Meyran aborde, entre autres, l’affaiblissement des démocraties, l’omniprésence de la violence, les nouvelles formes de terrorisme, les émeutes et les mouvements de population, le droit international, le dépassement des « conceptions procédurales de la démocratie », l’inévitabilité et la nécessité de « la conflictualité entre divers groupes sociaux », le refus de la pluralité par l’Etat, l’attribution de la nationalité et la souveraineté, « Obligeant tous les citoyens à se reconnaître dans le « Un » de l’Etat, la souveraineté se révèle incompatible avec la nature plurielle de la démocratie », le droit de résistance à l’oppression, des institutions libératrices, un nouveau droit international à imaginer…



Le livre est divisé en trois parties :



Les sociétés sont-elles vouées à l’échec dans la régulation de la violence ?



La violence dans l’Etat moderne



La violence au plan internationale



Je n’aborde que certaines analyses développées par Monique Chemillier-Gendreau.



L’autrice discute du couple démocratie/droits des êtres humains (formule préférable à celle employée de droits de l’homme), des nouvelles formes de violence, de politique et de conflictualité, « Une société est politique lorsqu’en son sein, la pluralité est acceptée et respectée. Alors se joue dans la diversité, un espace proprement démocratique dans lequel la violence à l’état brut se déplace vers ce qui peut-être de l’ordre de la conflictualité », des mécanisme qui fixent « le curseur entre la violence légitime et la violence illégitime », de « roman national » et du mythe de l’identité nationale, de la loi comme « l’expression de la confiscation du pouvoir par ceux qui gouvernent, plutôt que comme point d’équilibre atteint suite à la confrontation entre tous », de dissensus et d’identités, « quand on réduit les identités multiples pour former un peuple unique, dominé par un seul chef, on n’obtient ni la démocratie, ni la paix », de liberté et d’« opposition tumultueuse entre des groupes qui conservent leurs spécificités », de communauté politique reconnaissant la pluralité de ses membres, de conflictualité assumée, de la souveraineté « qui fait obstacle à la pluralité », de dissensus, du glissement « au cours de la Révolution de la souveraineté du peuple vers celle de la nation »…



Monique Chemillier-Gendreau aborde la violence de l’Etat moderne, la nécessité du « contrôle et de la limitation du pouvoir souverain de l’Etat », l’invention d’une continuité historique « par une double référence, à la terre et aux ancêtres », la conception ethnique de la Nation, le refus de l’hétérogénéité du social, « du repli sur un groupe formé par ceux qui sont supposés « identiques » », la transformation de la souveraineté populaire en souveraineté nationale, la nécessaire résistance à l’oppression, l’amnistie sans le refus de la conflictualité, la démocratie pour assumer le dissensus au sein d’une société, la/le citoyen·ne versus la nationalité, le fondement politique du droit (« rien n’est naturel en droit »), les assemblées citoyennes « pour définir et déclarer leurs droits », le débordement des droits existants, « La démocratie est le droit aux droits, la possibilité de déborder des droits existant vers d’autres droits », la si peu démocratique constitution de 1958, le peuple comme fiction, « La démocratie est l’expression du peuple dans sa pluralité, mais encore faut-il que cette expression soit libre. Parler du peuple est une fiction lorsque les conditions de la liberté ne sont pas réunies », les paniques identitaires (en complément possible aussi cité par l’autrice, Laurence De Cock, Régis Meyran : Paniques identitaires. Identité(s) et idéologie(s) au prisme des sciences sociales), la langue natale, « il y a une grande violence à refuser à quelqu’un le parler de sa langue natale », la police comme force qui s’exerce « sur le corps des individus », la perte du statut de citoyen·ne et la violence policière, la violence fiscale de l’injustice, la sanction dominante de l’incarcération (voir les différents textes de l’OIP), les droits régaliens dont le droit d’attribuer la nationalité, l’abstraction de la « volonté générale » qui n’existe pas dans la réalité, les lois d’exception comme « avant tout l’auto-conservation de l’Etat comme puissance souveraine », l’ambivalence de l’exception, « Mais dans les révolutions on crée de fait un état d’exception qui suspend le droit habituel pour pouvoir créer un nouveau droit, plus démocratique »…



La société mondiale comme société inter-étatique et non aujourd’hui comme « communauté internationale ». L’autrice plaide pour la construction d’un droit commun international, « la meilleure protection ne peut venir que d’un droit international renforcé ayant autorité sur les souverainetés ». Elle discute de la soi-disant souveraineté des Etats au temps de la globalisation néolibérale et de la déstructuration de certaines sociétés, « La montée des trafics (d’armes, de drogue, de migrants), les conflits interethniques, le djihadisme et enfin, les interventions des grandes puissances menées dans une incompréhension stupéfiante des réalités locales, tous ces facteurs ont abouti à la déstructuration profonde de certaines sociétés », de l’échec de l’ONU, « le principe de l’interdiction du recours à la force posé par l’article 2 de la Charte des Nations Unies », des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, de droit et de contradictions sociales, « Pour être socialement accepté, tout texte de droit doit correspondre au dépassement des contradictions sociales, mais ces contradictions doivent être actuelles, vivantes, et non des contradictions anciennes et mortes », de la délégation de la guerre à des sociétés privées de sécurité, des armes nucléaires, « La quatrième Convention de Genève vise la protection des civils, elle interdit les moyens de la guerre touchant les populations civiles de manière indiscriminée », de la violence comme question politique, des conceptions purement procédurales de la démocratie, du combat pour la démocratie incluant la résistance au capitalisme, de la diversité du social et le tissage de liens politiques au-delà des frontières nationales, des normes de droit international comme « normes protectrices des sociétés locales et non libératrices pour les investisseurs », de « rendre la justice obligatoire », de résistance « à l’échelle où se déploient les problèmes », de la liberté débordant « toujours la règle qui prétend la garantir », du droit des peuples à disposer d’eux-même…



Au terme de ces conversations, Monique Chemillier-Gendreau souligne quatre leçons à retenir, un nouveau sens à la démocratie, « une prise en compte de la pluralité et de la conflictualité inhérentes à l’essence de la démocratie », les « formes d’organisations non souveraines » contre la souveraineté comme concentration et personnalisation du pouvoir contredisant « le principe de pluralité », l’incompatibilité du capitalisme avec la démocratie, « Le capitalisme est incompatible avec la démocratie, comme il l’est avec la restauration de l’environnement », les nécessaires réponses au niveau de la question, à savoir le caractère mondialisé du système…



Je regrette l’absence de développement sur l’égalité, dont la puissance subversive reste sans commune mesure avec les autres « opérateurs » politiques, sur la délégation contre la représentation, sur des institutions de chambres multiples permettant à chaque groupe minoritaire ou minorisé de ne pas rester minoritaire en tout.



Souveraineté populaire contre souveraineté étatique, dissensus et pluralité des expressions contre la fantasmatique fusion en un « un », démocratie et conflictualité sociale, assemblées de citoyen·nes, dépassement des contradictions sociales, droit de résistance à l’oppression, « La résistance à l’oppression est ce droit qui supasse tous les autres, car il est le droit à avoir des droits »… Le droit sans le fétichisme du droit. Des sujets de grande actualité contre les ordres néolibéraux ou populistes.
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La tyrannie des algorithmes

Nous externalisons notre intellect vers des machines (comme avec nos GSM, nos GPS, Wikipédia, Google etc...) et nous le faisons avec "plaisir" ou plutôt par fainéantise, non ?

Les machines savent "apprendre" par expériences (le fameux deep learning) mais sur des axes réduits en nombre.

Pourtant nos cerveaux, apprennent aussi par expériences mais en prenant en compte de nombreux vecteurs contextuels.

Intelligence artificielle ? Nous en sommes loin !

Et pourtant certains (Chine) pensent pouvoir détecter les potentiels déviants (minority report ?) et noter/récompenser les "bons citoyens", d'autres pensent prédire les prochains vols (USA) et affecter les forces de l'ordre préventivement.

D'autres démarches visent à automatiser les jugements (sans empathie, sans analyse de personnalité) brr cela fait froid dans le dos.

Sur le constat, j'adhère à cet opus mais sur les possibilités de réguler, je reste sur ma faim.

Redéfinir ce qu'est agir et les moyens d'actions ? Ok mais encore ?

Faire des micro-actions ou actions locales, imprévisibles, pour déstabiliser les algos de l'IA ?

Sûrement (mon penchant anarchiste ne peut qu'être d'accord), mais il reste évasif....

Même s'il évoque les ZAD et les actions gilets jaunes.

Mais soyons clairs, 15€ pour cet opus, le ROI n'y est pas !





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Où sont passés les intellectuels ?

Excellent petit ouvrage qui permet de faire le point sur cette question essentielle de la place des intellectuels dans le débat public au XXème siècle. Enzo Traverso fait partie de ces personnes qui regrettent la figure sartrienne et qui fustigent le rôle des médias et de la télé. Cette posture me déplaît mais force est de constater qu'elle repose sur une réalité, difficile à appréhender; je ne pense pas que Enzo Traverso soit très utile à ce propos.

En risquant de choquer mes amis et collègues intellectuels, je trouve que les positionnements idéologiques de Traverso dans cet ouvrage sont ceux d'un vieil intellectuel trotskyste devenu conservateur, un peu sur le mode "c'était mieux avant!". Mais comme il a une remarquable vision historique (c’est quand même son métier), cohérente, fort bien construite de ce que devrait être un intellectuel, ce parcours dans le XXème siècle est très intéressant.

L'entretien est un remarquable guide dans une liste des références ébouriffante et le survol historique de la question, depuis l'affaire Dreyfus jusqu'aux positions concernant les révolutions arabes. Je trouve même que nous devrions utiliser ce petit livre comme une sorte d'état de l'art de la question et aussi des positions les plus communes parmi les intellectuels de gauche.

Traverso défend cette idée que l'intellectuel serait (devrait être) toujours critique face au pouvoir et en cela se distinguerait de l'expert. Il tourne autour de cette question passionnante de la mutation de la fonction de l'intellectuel sans jamais l'aborder de front car il est dans une posture de défense, en retrait. Le problème de fond me semble être une confusion entre l’engagement qui a servi à définir les intellectuels dans le XXème siècle et le savoir qui n’a pas cette couleur politique (bien au contraire) —voir par exemple la position d’un Bruno Latour comparée à Donna Haraway dans ce domaine que je connais bien des études sur la science, ou encore de la question de l’engagement pour la défense de la vérité chez les lanceurs d’alerte (là aussi une question qui échappe à Enzo Traverso).

Or sur cette antinomie de base, sur cette contradiction fondamentale dirait-on en bon vocabulaire marxiste, l’apport de Traverso est assez faible. Il me semble que sa vision de l’intellectuel, justement très sartrien, est figée dans une posture, celle de l’opposant. Mais elle empêche de voir que l’opposant aujourd’hui peut être un ingénieur système travaillant comme ingénieur système (exemple, la fondation Stallman ou le travail remarquable de Philippe Aigrain), que la contestation du pouvoir ne peut se réduire à la lutte politique dans les partis représentés au Parlement, qu’en dehors de l’Europe les formes que prend la démocratie (fort bien défendue par l’économiste Amartya Sen que détestent les gauchistes de tout poil) ne se réduisent pas à la lutte politique dans les partis dits de gauche (ou d’extrême gauche). L’opposant aujourd’hui est tout autant expert dans le système qu’il critique et autrement plus dérangeant de l’opposant « externe » qui se mêle de tout sartrien.

Et ce n’est pas le seul problème. Il ne peut pas penser le rôle de la technique si ce n'est pour exprimer une technophobie épidermique, pas du tout « de gauche » puisqu’on la retrouve, identique, chez Ellul; il fustige les intellectuels médiatiques dans lesquels il range évidemment Michel Onfray mais ne pense jamais le rapport du public à l'intellectuel et ne sait pas considérer que Onfray, de ce point de vue, est un remarquable exemple d'un puissant mobilisateur bien au-delà de l'idéologie néo-libérale ; il assimile la défense des droits de l'homme à une d'idéologie médiane, minimale, le plus petit dénominateur commun de l’idéologie politique, ce qui l’empêche de penser les mouvements des indignés ou encore les mobilisations se sont effectuées en dehors des idéologies de la guerre (marxisme en tête) ; il a un jugement à l'emporte-pièce de ces mouvements populaire (contre Wall Street ou les indignés) qui seraient "sans histoire" et j’imagine que Naomi Klein doit être pour lui une sorte d’horreur intellectuelle et pourtant elle a certainement fait plus que les intellectuels de la LCR dans les derniers temps pour contester les pouvoirs en place; du coup, il est incapable de penser aussi leurs dérives (Chryssi Avgi —Aube Dorée— en Grèce, ou tous les mouvements néo-conservateurs antiparlementaires) . Il est aussi incapable de penser les révolutions arabes, pour des raisons similaires, ce que nous pourrions lui pardonner mais il est aussi incapable de penser les nouvelles revendications dans les sciences sociales : il se protège en citant timidement un malheureux et assez isolé critique des études post-coloniales mais lui-même se garde bien de dire quoi que se soit sur la succession indienne ou africaine de Edward Saïd, comme Spivak, Bhabba, Mbembe etc…; il exprime une indulgence coupable pour un anti-démocrate comme Badiou qu'il défend avec indulgence alors qu'il s'agit d'un des principaux artisans de l’idéologie anti-démocratique (la confusion savamment entretenue entre lui et ce penseur original qu’est Rancière est assez désagréable); il a une vision assez schématique du rôle des universités, de la connaissance et de l’expertise qu’elle permet d’obtenir; et peut-être qu’au-delà de tout cela il est totalement à côté de la plaque sur cette question majeure de la mondialisation. En limitant sa définition de l’intellectuel il ne voit justement que ce qu’il reproche: la réduction à un microcosme d’écrivains et professeurs, à Londres et à Paris. Finalement ça lui donne une sorte de patine « Vieux monde », l’espace public des cafés viennois de la fin du XIXème qui ont été le paradigme utilisé et défendu par Habermas pour définir la notion d’espace public. En bref, il a une vision euro-centrée (et très Mitteleuropa).

Vous me direz: ça fait beaucoup. Il y en a plus encore ! Mais pourtant je trouve cet ouvrage remarquable justement pour ses faiblesses qui sont à mon avis le pur produit de l’histoire du XXème siècle. Qui s’expliquent par l’holocauste, la lutte de la seconde mondiale, l’anihilation de la pensée par le bulldozer stalinien contre lequel Enzo Traverso a certainement du lutter avec constance, la perte des illusions avec ce que le socialisme a produit comme réalisations aussi bien en Europe de l’Est que à Cuba, au Vietnam ou, pire, au Cambodge. Finalement, il vaut mieux être dans l’opposition quand on est marxiste !

Tout n’est pas négatif et je n’ai pas souligné l’importance qu’il accorde à Foucault, Gérard Noiriel, la succession de Habermas (qu’il mentionne mais ne détaille pas, ce qui est dommage), une connaissance historique remarquable et une certaine clairvoyance : « L’histoire n’appartient pas à ceux qui exercent le métier de l’écrire, elle appartient à tout le monde ».

Un très bon contre-poids aux positions de Traverso serait le premier chapitre de « Les mots et la terre » de Shlomo Sand, qui fait un historique du rôle des intellectuels depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à Salman Rushdie, autrement plus ouverte et militante. Ou encore toutes les chroniques, sans exception aucune, de Tony Judt. A la décharge de Enzo Traverso disons que ce livre est un long entretien avec un Meyran très complaisant et admiratif du maître, et pas un ouvrage critique.


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Obsessions identitaires

Dans son dernier ouvrage, Régis Meyran met en garde contre le regain de vigueur des réactions et des replis identitaires, et en appelle aux idéaux des Lumières.
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Le vertige des faits alternatifs

Comment expliquer la place qu’ont prise en politique les fausses nouvelles et les mensonges grossiers dans la période récente, si on ne se satisfait pas d’une explication qui tienne à la seule personnalité de Donald Trump ? Arnaud Esquerre nous apporte dans cet ouvrage des éléments de réponse.
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Paniques identitaires

Un collectif de chercheurs montre comment “l'identité” est devenue un objet de peurs récurrentes.
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Les pièges de l'identité culturelle : Culture e..

Dans un livre excellemment informé, Régis Meyran et Valéry Rasplus s’intéressent aux migrations du concept de culture, à ses usages savants comme à sa récupération politique.
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Ce populisme qui vient

Le lecteur pourra cependant regretter quelques digressions dans le cours de la conversation, qui ne favorisent pas la fluidité de l’argumentation.
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Où sont passés les intellectuels ?

Un livre d'entretien stimulant sur l'histoire et l'actualité du rôle social et politique des intellectuels dans l'espace public.


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La guerre civile numérique

Paul Jorion a eu un itinéraire compliqué. Belge de naissance, polyglotte, sociologue de formation, il a notamment étudié comment la formation des prix du poisson dans une économie "durable" (l'île de Houat il y a 30 ou 40 ans, une éternité...).

Puis il est allé pondre des logiciels informatiques (de formation des prix, semble t'il) dans des sociétés financières californiennes, où ils a découvert les produits financiers les plus récents (et les plus risqués?).

Aujourd'hui il est blogueur indépendant. Son blog dédié à la finance et à l'économie rencontre un succés énorme, avec 100 000 visites par mois et une levée de fond de 2000 euros (en toute transparence). ce succès (et d'avoir prévu le krach de 2008) lui vaut d'être assez souvent invité sur les plateaux de télévision pour ces compétences "alternatives" en économie.

L'économie est sa grosse compétence désormais.

Mais son blog devenu son gagne-pain, et sa formation de sociologue, lui permettent AUSSI de parler de manière pertinente des enjeux qui se font jour autour d'Internet et du pouvoir. La "Guerre Civile Numérique" est un livre d'entretien, assez court (100 pages) mais qui fait assez bien le tour de la question (Wikileaks, les anomynous...). C'est le fruit d'un pratiquant (son blog a ses trolls...) et d'une profonde réflexion sur la puissance et la nouveauté d'Internet dans les conflits/jeux sociaux.

très bien
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La guerre civile numérique

La "guerre civile numérique" aura-t-elle lieu ? Sans doute ! Les affrontements, sur plusieurs théâtres d'opérations, ont même déjà commencé. Du hacker au manifestant dans les rues de Téhéran, virtuelle et réelle, la guerre témoigne de mutations radicales qui s'écrivent, nous dit Jorion, dans la quête d'une démocratie à conquérir ou reconquérir ...
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