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Citation de Partemps


À vrai dire, la question n’est pas si simple qu’elle paraît à première vue : une poignée d’hommes au lendemain de 1870 fondent la Société Nationale et entreprennent de rendre à la musique française sa dignité compromise ou perdue, car nul musicien ne se soucie, alors, d’écrire d’autre musique que de théâtre, nul ne songe que la musique de chambre et la symphonie sont des formes supérieures de l’art sonore. Et ceux-là, qui furent les ouvriers de la Renaissance Musicale Française ont exercé parallèlement à l’action des concerts dominicaux de Pasdeloup, puis de Colonne et de Lamoureux leur action bienfaisante. Les grands orchestres, en effet, dans le même temps, répandaient l’œuvre de Wagner en fragments symphoniques, puis en scènes et en actes détachés des drames ; leur action créait un public passionné de musique, un public capable de comprendre des œuvres qui eussent laissé fort indifférents les hommes de la génération précédente.

Mais ce n’est pas cela seulement qui relie le debus- sysme au wagnérisme : Debussy n’eût pas été le grand artiste qu’il fut, s’il n’avait lui-même commencé par s’enthousiasmer pour la musique de Wagner. À Rome, pendant son séjour à la Villa Médicis, il passe une partie de ses jours et de ses nuits à répéter amoureusement la partition de Tristan — seule consolation à la « geôle académique ». Son wagnérisme, rapporte M. Léon Vallas, était d’une violence extrême : « Tous les jeunes musiciens subissaient alors l’envoûtement de Bayreuth. Debussy eut la surprise de trouver en le peintre Hébert, directeur de la Villa Médicis, et violoniste amateur avec qui il jouait les Sonates de Mozart, un artiste passionné de musique, mais détestant Wagner. Plus tard, dans une chronique musicale, il avoua, en se rappelant le temps de sa jeunesse enthousiaste : « À cette époque où j’étais wagnérien « jusqu’à l’oubli des principes les plus simples de la « civilité, j’étais loin de me douter que j’arriverais à « penser à peu près comme M. Hébert ! »

Cela vint en effet, et l’événement n’est sans doute pas sans rapport avec deux découvertes — l’une faite au cours du voyage à Moscou en 1879, l'autre à Rome même. La première est la révélation de la musique russe, ravivée entre 1890 et 1903 chez Ernest Chausson, quand on y déchiffra la partition originale de Boris Godounow (antérieure aux retouches de Rimsky), l’autre est l’initiation palestrinienne dont Rome même fut le théâtre et l’occasion.
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