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Citation de Partemps


C'est cette influence — tout extérieure à l’enseignement officiel du Conservatoire — que l’on retrouve chez Debussy dès ses débuts. Toutefois il serait faux de croire que l’originalité et la personnalité de l’élève furent opprimées par ses maîtres : Marmontel, son professeur de piano, est conquis ; Emile Durand, qui n’aimait ni la musique, ni son métier, ni ses élèves (auxquels il enseignait l’harmonie), est apprivoisé ; Bazille, qui lui enseignait l’accompagnement, admire en grognant la hardiesse de son disciple ; Ernest Guiraud, enfin, professeur de composition, ne cache guère son enthousiasme, tout en discutant passionnément des heures entières. Il se fait, malgré la différence d’âge, le camarade du jeune Debussy. Et il n’est point jusqu’à Théodore Dubois, si austère défenseur de la tradition, qui, un dimanche à l’orgue de la Madeleine, usant des jeux de mixture, n’improvise du Debussy, en enchaînant des successions de tierces, quintes et octaves redoublées, — improvisation, remarque M. Léon Vallas, qui, en imitant avec humour un jeune élève, rejoint tout simplement l’organum du moyen âge et offre sans y prendre garde une justification historique et pratique d’audaces que, dans sa scolastique intransigeante, il réprouve formellement3. À l’Institut, même, Gounod est séduit et se déclare ouvertement l’ami du jeune novateur, qu’il soutiendra de toutes ses forces aux concours du Prix de Rome.

On a souvent parlé de l’influence de Massenet sur Debussy. Elle est certaine — encore qu’indirecte, car l’auteur de Pelléas ne fut pas l’élève du compositeur de Manon. Mais précisément, c’est en 1884, quelques mois avant que Debussy pour la seconde fois prît part aux épreuves définitives du Concours de Rome, que fut donnée Manon à l’Opéra-Comique (18 janvier 1884) et qu'Hérodiade, créée à Bruxelles, fut reprise aux Italiens (1er février). La musique de Massenet — écrit Debussy lui-même — « est secouée de frissons, d’élans, d’étreintes qui voudraient s’éterniser. Les harmonies y ressemblent à des bras, les mélodies à des nuques... La fortune, qui est femme, se devait de bien traiter M. Massenet et même de lui être quelquefois infidèle. Elle n’y a point manqué. Tant de succès fit qu’à une époque il fut de bon ton de copier les manies mélodiques de M. Massenet, puis tout à coup ceux qui l’avaient si tranquillement pillé, le traitèrent durement4 ». Debussy, certes, ne copia pas ; mais il sut trouver dans les meilleures pages de Massenet des leçons d’élégance et des exemples de grâce dont il fit son profit, et si bien qu’il n’eût pas été tout à fait lui- même sans ces leçons de clarté-là.
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