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Citation de Partemps


Plus encore, parmi les Français, Edouard Lalo et Emmanuel Chabrier ont fourni à Debussy des exemples fort profitables. Un moment il fut l’élève de César Franck à la classe d’orgue du Conservatoire — et il n’est pas douteux qu’il en tira un profit certain, mais il s’ennuya vite près de ce maître « trop ingénu », auquel d’avoir trouvé une belle harmonie suffisait à sa « joie d’un jour5 ». Il lui reprocha d’être une « machine à moduler » ; mais il lui dut, certainement, d’avoir acquis dans cet art de la modulation une souplesse et une virtuosité peu communes.

Et pour en finir avec les influences qui contribuèrent à former la personnalité de Claude Debussy et son style si original — mystérieuse alchimie dont aucune analyse ne saurait exactement révéler le secret — il faut mettre au premier rang, tout près des musiciens russes, les orchestres exotiques de l’Exposition de 1889, le gamelang javanais, les musiques annamites, malgaches, tonkinoises de l’Esplanade des Invalides, ou de la rue du Caire au Champ de Mars. Et ce fut à l’Exposition que Rimsky-Korsakoff vint diriger des concerts dont les programmes étaient faits d’œuvres russes.

Mais, en définitive, ce n’est pas à ses devanciers, français ou exotiques, que Debussy doit sa personnalité. Il faut relire les pages du carnet où M. Maurice Emmanuel a noté les étonnantes conversations de son camarade et de son maître Guiraud : « J’appelle classique, disait Claude, tout maître musicien qui croit à un seul majeur et à un seul mineur diatoniques, à l’exclusion de toute autre gamme ; qui, dans l’enchaînement harmonique, résout les accords réputés dissonants, suivant de prétendues nécessités lesquelles sont convention pure ; qui s’enferme dans le régime des tons voisins ; qui asservit sa sensibilité à des formules impératives. Il y a, certes, entre les classiques, des différences de style correspondant à des différences de nature, mais aussi un fonds commun qui les apparente. Dire de Schumann qu’il est cc romantique » n’exprime rien du tout ; item de Berlioz ou de Liszt. Ils construisent à leur manière — et encore ! — avec les anciens matériaux. Ils expriment plus librement leurs émotions que les maîtres de la sonate et de la symphonie à deux thèmes et ils mettent en vedette leur personnage : si c’est cela du romantisme, je veux bien. Mais moi, j’entends toujours la même « musique ». Les soidisant romantiques sont encore des classiques; et Wagner l’est plus qu’eux. Des duretés dans sa langue, je n’en perçois pas. Des altérations ? Est-ce qu’il les a inventées ? Du chromatisme ? Il n’use pas même de celui que la gamme à douze demi-tons du clavier peut fournir, et qui reste à exploiter. Il demeure inféodé au majeur et au mineur diatoniques. Il n’en sort pas. »
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