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Critiques de Réseau interuniversitaire et interdisciplinaire national sur le genre (2)
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Le genre comme catégorie d'analyse : Sociolog..

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Le genre comme catégorie d'analyse : Sociolog..

Cet ouvrage est le fruit d’un colloque tenu en 2002 par le Réseau interdisciplinaire et inter-universitaire national sur le Genre (RING).



Depuis la publication de cet ouvrage, les débats autour du genre se sont multipliés, une certaine institutionnalisation s’est doublée d’une pratique séparant/détachant les études de son fondement féministe. Le genre en faculté, sans pourtant devenir banal, contourne, le plus souvent, les questions de pouvoir et de domination.



A cela, il convient d’ajouter que pour beaucoup de chercheurs, l’interrogation même sur l’asymétrie et la hiérarchisation des sexes demeure trop souvent absente.



En introduction, Claude Zaidman présente les objectifs du Ring « La création de ce réseau a pour souci principal, outre les objectifs de recherche propre au champ, la formation de jeunes chercheur-e-s et enseignant-e-s et le maintien des enseignements existants voire la création de nouveaux. » Elle souligne la difficultés en France d’accès à la littérature féministe et discute du terme Genre, analyse« la brève histoire du concept de genre » et critique certaines de ses utilisations « qui n’ont plus rien à voir avec le féminisme et parfois même avec les femmes ».



J’indique juste quelques éléments :



« Après de nombreux débats et malgré certaines réticences, le terme de genre, terme qui permet de différencier le sexe social du sexe biologique et, employé au singulier, de rappeler que le féminin et le masculin forment système, tend à s’imposer dans le domaine scientifique français comme traduction du terme américain gender. »

« Il s’agit de rompre avec une vision biologique des différences de comportements entre les sexes. »

« … ouvrir à des questionnements associant ou confrontant genre, classe et race…. »

« Pour les féministes, il s’agit de sortir d’une spécificité féminine, proche de la nature, opposée à l’universel humain masculin, mode de pensée dominant… »

« La question principale est celle de la relation entre genre et sexe. Alors que Christine Delphy s’empare de ce concept pour penser l’utopie d’une société non genrée en affirmant un paradigme fondamental ”Le genre précède le sexe”, Nicole-Claude Mathieu s’appuyant sur la pensée de Gayle Rubin montre la variabilité de la relation entre sexe et genre selon les sociétés. »

L’ouvrage est divisé en trois parties : Sociologie, Histoire et Littérature.



Je présente plus particulièrement les trois articles dans la section Sociologie.



Dominique Fougeyrollas-schwebel traite de « Genre, catégorie sociale et rapports de domination », en soulignant la consubstantialité des déterminations de classe et de détermination de sexe. L’auteure indique « Le concept de genre permet d’analyser comment l’organisation sociale, les pratiques sociales, produisent, reproduisent, institutionnalisent la différence des sexes dans nos sociétés » et insiste sur « toute différence n’est pas déductible du dualisme des sexes ».



Nicole Gadrey présente « L’enseignement ”sociologie des rapports sociaux de sexe et de genre”. Apports et difficultés. L’expérience de Lille » en analysant, entre autres, les discours universalistes « La catégorie femme est soit oblitérée, soit traitée en annexe d’un discours universaliste, soit isolée en tant que catégorie spécifique » ou « La tendance au discours universaliste, qui occulte les rapports sociaux de sexe ».



Elle souligne aussi « Réfléchir en termes de rapports sociaux de sexe exige d’interroger aussi bien les présupposés universalistes que les conceptions naturalistes, de se poser la question de la construction sociale de la division du travail domestique et professionnel entre les hommes et les femmes ». L’auteure montre que les conditions d’emplois des femmes sont fondées sur « la non reconnaissance des qualifications acquises par les femmes dans la sphère domestique et sur une conception du salaire féminin comme salaire d’appoint ».



Nicky Le Feuvre propose « Le genre comme outil d’analyse sociologique » en s’attachant à l’apport que constitue « une filière visible et vibrante d’études féministes » au sein de l’université. Elle souligne que les travaux sur les rapports sociaux de sexe ne limitent pas l’objet de recherche aux seules ”femmes”, qu’il convient de les inscrire dans une perspective résolument dynamique, de « réinjecter des principes d’historicité ».



Contre l’essentialisme ou la naturalisation, le postulat de départ est celui d’une variabilité du ” genre” : « le genre ne constitue pas un système a-historique et donc immuable », aussi « pour penser le genre, il est est nécessaire de rompre avec les perspectives qui définissent la bipartition sexuée comme une nécessité sociale universelle ». (Le titre de la note est extrait de cet article).



Irène Théry traite de la « division des sexes, division par sexes » à partir de Marcel Mauss, et conclue « Mais même dans nos sociétés qui l’ont à ce point particularisée et sexualisée qu’elles croient ne faire que « reconnaître » une réalité biologique préexistante, elle est toujours une opération. »



Michèle Riot-Sarcey ouvre la section Histoire en soulignant la fonction historique du genre, citant Christine Delphy « Son singulier (LE genre par opposition aux deux genres) permet de déplacer l’accent, des parties divisées, vers le principe de la partition lui-même, d’autant que la hiérarchie est un aspect constitutif du genre ». Pour l’auteure « De la micro à la macro-histoire, le genre se place dans l’entre-deux, au-delà des espaces temporels ordinaires de l’histoire : entre discontinuité et continuité, pour être en mesure de saisir la genèse des catégories en formation et leurs effets de sens dans la longue durée ». Elle souligne aussi la dimension politique du partage inégal des rôles, « le plus souvent délié du dispositif fondateur des systèmes démocratiques ».



Pour approfondir sur le sujet, le récent : De la différence des sexes. Le genre en histoire (Sous la direction de Michèle Riot-Sarcey, Bibliothèque historique Larousse, Paris 2010) Un concept qui permet de saisir la structure hiérarchique des sociétés



Les autres auteures de cette partie (Violaine Sebillotte Cuchet, Christine Bard, Sylvie Chaperon et Cécile Dauphin) approfondissent les débats en analysant les avantages réciproques des concepts genre, rapport sociaux de sexe ou Histoire des femmes versus Histoire du genre. Elles font ressortir : la construction sociale de l’identité sexuée, identité « jamais l’un sans l’autre », les processus de construction, « les discours et les représentations qui ont enclos les femme dans la sempiternelle nature ». Au delà des différences, il s’agit bien de rendre les femmes plus visibles « … l’histoire des femmes peine à produire un récit racontable, structuré par des événements, des temporalités qui rendent les femmes plus visibles dans les manuels, sans perdre les acquis du genre, évidemment ».



Dans la troisième partie « Littérature », j’ai particulièrement apprécié les articles d’Éliane Viennot « Le genre, cet inconnu. Le mot et la chose dans l’étude de l’Ancien Régime » et d’Hélène Marquié « Imaginaires et corps : perspectives et enjeux des recherches sur le genre et recherche féministes en danse ».



Je ne cite que les dernières phrases de cette auteure « Analyser les constructions, c’est aussi penser comment modifier, desserrer à la fois les biais sexistes qui faussent la perception du réel, et desserrer les structures viriarcales qui nous enserrent. Comment modifier pratiques et imaginaires ? Comment changer les schémas intériorisés ? »



J’ai aussi beaucoup apprécié la belle et claire conclusion d’Eleni Varikas qui propose de « se confronter à la double invisibilité des hiérarchies de sexe dans les structures politiques et dans les catégories de pensée ». Cette auteure souligne aussi que « travestis en un assemblage de logiques symboliques, de traits psychologiques, de comportements individuels et de déterminismes ”sociaux”, l’antagonisme de sexe perd son caractère systématique, sa dimension proprement politique. »



Je termine par une citation de Christine Delphy reprise par Eleni Varikas « …les hommes et les femmes n’existent pas indépendamment du rapport de domination qui les constitue comme tels. »
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