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Citation de genou


Je n’ai jamais eu d’amis, je n’ai eu que des amants. J’ai cru longtemps eu égard à mon attachement pour mes amis, à ma froideur pour les femmes que j’étais plus capable d’amitié que d’amour. Insensé, j’étais incapable d’amitié. La passion que j’ai apportée dans mes relations avec plusieurs comment aurais-je pu la distraire, la reporter sur d’autres objets. Je me souviens que cette passion fut réciproque dans quelques cas. Comment ai-je pu confondre avec l’amitié, vase grise et molle, ces rencontres tumultueuses, cette furieuse attirance, cette quasi-haine, ces débats de conscience, ces disputes, cette tristesse en leur absence, cette émotion quand, maintenant, que nous avons presque cessé de nous voir, je pense à eux. Ceux qui, incapables de sentir le caractère élevé de mon commerce, ne m’ont offert que de l’amitié, je les ai méprisés. Mes amis n’ont passé qu’un instant dans ma vie. À la première passante nous nous sommes abandonnés non sans jalousie. Je me suis égaré dans des alcôves sans échos, eux aussi. J’ai cru à l’oubli profond du sommeil sur les seins des maîtresses, je me suis laissé prendre à la tendresse du sphinx femelle, eux aussi. Rien maintenant ne saurait reprendre pour nous de la vie ancienne. Étrangers l’un à l’autre quand nous sommes en présence, nous renaissons à cette communion de pensée de jadis dès que nous nous quittons. Et le souvenir n’y est pour rien. Confronté à l’ami de jadis, l’ami idéal évoqué dans la solitude demanderait à qui on le compare et de quel droit ? lui, fiction née spontanément de la mélancolique notion de l’étendue.
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