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Citation de Charybde2


Reniflant pour dégager un sinus irrité, le Sorcier écarta les lames d’un store vénitien imaginaire avec deux doigts épais de sa main gantée, et regarda à travers la vitre sale. Au coucher du soleil, une brume moutarde avait dérivé de la steppe polonaise, à une cinquantaine de kilomètres à peine à l’est, drapant le secteur soviétique de Berlin d’un calme surnaturel et tapissant ses caniveaux pavés semblables à des intestins d’une espèce d’algue qui, pour reprendre l’expression pertinente de Torriti, puait le complot à plein nez. un peu plus loin, des choucas battirent soudain l’air et croassèrent furieusement en tournoyant autour de la flèche d’une église délabrée transformée en entrepôt. (Le Sorcier, adepte de la logique de la cause à effet, guetta l’écho du coup de feu qu’il avait sûrement manqué.) Dans la rue étroite qui bordait le cinéma, une casquette d’homme de quart enfoncée sur la tête, Silwan I, connu aussi sous le nom de Doux Jésus, et qui était l’un des deux gitans roumains que Torriti employait comme gardes du corps, traînait un chien muselé dans la lumière glauque d’une lampe à vapeur de mercure. À l’exception de Doux Jésus, les rues de ce que les pros de la Compagnie appelaient « Moscou-Ouest » paraissaient désertes. « S’il y a des Homo sapiens qui fêtent le nouvel an ici, marmonna Torriti, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils le font discrètement. »
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