Rochelle Alers

La plupart des recueils Harlequin proposent un thème commun à leurs histoires, et ici, il est surtout question des contours parfois trèeeees flous entre amour et amitié.



Sophie et Tommy ont grandi ensemble, le père de la première ayant fait partie de l'équipe de tournée du second. Devenus adultes, ils ont suivi les pas de leurs parents : Tommy est à son tour devenu une pointure de la musique country, avec Sophie pour tour manager. Mais voilà : à trente-trois ans, Sophie n'a plus envie d'être toujours sur les routes. Elle aimerait se poser et avoir un bébé. Toute seule. Elle n'éprouve pas spécialement le besoin de se trouver un compagnon... surtout quand son attirance inavouée pour son ami d'enfance complique la donne. Tommy, lui, n'a jamais caché son intérêt pour elle, mais pas question pour Sophie de céder à ce coureur de jupons en série. Et puis, coucher avec son meilleur ami, n'est-ce pas le meilleur moyen de tout gâcher ?

Aucun mystère ni suspense dans « Un enfant pour Sophie », l'histoire se focalisant exclusivement sur le rapprochement entre les deux compères à l'occasion de la conception du bébé de Sophie. Bien qu'à peu près tout le monde les ait prévenus qu'il leur serait compliqué de garder une relation inchangée si Tommy servait de géniteur au bébé de son amie, ils n'en font qu'à leur tête et ce qui devait arriver arrive : les sentiments refoulés de chacun ne tardent pas à se manifester. Sheri Whitefeather nous propose une intrigue en ligne droite, sans a-côtés, mais maîtrisée, prenant son temps pour approfondir les liens entre ses deux personnages principaux. Néanmoins, malgré une certaine complicité et quelques souvenirs de jeunesse parsemés dans le récit, on peine un peu à ressentir le côté « amis d'enfance », le désir et les sentiments étant très présents d'entrée de jeu. Mais bon, leur relation étant censée être trouble, ce n'est pas si gênant et ne gâche en rien une lecture toute douce d'un bout à l'autre, quoique parfois rehaussée d'une pointe de piment.

On regrettera éventuellement que la carrière musicale de Tommy ou le cadre country ne soient pas davantage mis en avant, l'intrigue se déroulant tout de même dans les environs de Nashville. Mais bon, en soi, on passe tout de même un très bon moment. (7/10)



Dans « Passion à Wickham Falls », à peine le Docteur Natalia Hawkins a-t-elle emménagé dans cette petite ville tranquille que la voilà réveillée... par un accident de bricolage impliquant son très sexy voisin. Elle sort d'une relation destructrice, lui ne croit plus en l'amour depuis l'échec de son mariage. Mais comme ils s'entendent bien, ils seront donc amis. Une résolution prise avec à peu près autant de bonne volonté que celles du premier de l'an.

Il y a beaucoup de choses vraiment sympa dans cette histoire : le rôle de Natalia en tant que femme médecin noire, qui ne se borne pas qu'à soigner les gens, mais aussi à montrer l'exemple à la nouvelle génération. Les dilemmes de Seth, qui aime son travail de policier mais ne souhaite pas s'engager dans la voie politique qu'impliquerait le rôle de shérif. La difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée. Mais, à côté de ça, d'autres aspects ont été nettement sous-exploités, comme la consommation grandissante d'opiacés dans la petite ville et plus particulièrement les milieux modestes, ainsi que leur trafic, qui occupe une place non négligeable au sein du récit... pour que le sujet soit finalement expédié en quelques lignes ! Certes, il ne s'agit pas d'un romantic suspense, mais il est vraiment dommage d'avoir bâclé la résolution de la plus importante des intrigues secondaires du récit. Il en va de même pour Daryl, l'ex de Natalia : si c'était pour l'intégrer de cette façon ultra-express, autant ne pas le faire du tout. Au rayon des petits trucs qui fâchent, l'insistance de Seth à se faire offrir un repas à peu près deux secondes après sa rencontre avec Natalia est juste lourdingue et donne l'impression que son respect ultérieur de la volonté de Natalia n'est dû qu'au fait qu'elle lui ai expliqué à quel point ça compte pour elle. Enfin, si l'on appréciera la lente évolution de leur relation... on appréciera moins les petits retours en arrière (les personnages se sont embrassés, câlinés, mais ne savent toujours pas s'il est question d'amitié ou d'autre chose ?) ainsi que les quelques répétitions qui donnent occasionnellement l'impression que la narration fait du surplace. Des petits défauts qui brisent un peu l'équilibre du récit, pourtant par ailleurs assez plaisant. Reste l'ambiance assez douce... et la passion immodérée des protagonistes pour la bonne bouffe ! (6/10)



Deux histoires sympathiques et divertissantes !