Tous les jours du Bon Dieu, matin et soir, Mme Gueudet et Mme Touche se retrouvent chez Mme Sicagne pour travailler. C'est le trio des veuves de guerre. Elles ont à peu près le même âge, et, toutes trois, un grand fils, pupille de la nation. D'autres liens encore les unissent; leurs robes noires, leur dévotion, leurs commérages, leur rancune contre les épouses pourvues, leur haine des embusqués - c'est à dire des hommes épargnés par la guerre - leurs revendications de pensionnées, et la chasteté orgueilleuse qui détraque lentement leurs cerveaux après leur avoir déréglé le corps.