Tahiti vivait dans le culte de Gauguin, curieux mélange de remords et de fierté. On avait laissé le peintre crever dans l'indifférence et la misère, entouré de tracasseries administratives et policières, sans oublier la haine farouche des missionnaires, dont le dernier survivant, le R. dom Henri de Laborde, écrivait trente ans après la mort de l'artiste : « Je voudrais que le silence se fît sur ce triste individu ». Mais aujourd'hui, on chérissait la mémoire de celui dont les toiles, reproduites à des millions d'exemplaires, avaient tant fait pour le mythe tahitien et pour le tourisme au « paradis terrestre ».