Sarah Taïbi Guettari

Voici mon retour de lecture sur le court roman (ou nouvelle) : Réenchanter de Sarah Taïbi Guettari.

Alger, juin 1962. L'Organisation de l'armée secrète (OAS) met la ville blanche à feu et à sang pour maintenir l'Algérie française.

Yassine, un jeune poète, choisit d'élever ses mots contre les flammes. Torturé par les aspirations politiques qu'il partage avec sa muse, et l'amour qu'il porte à son frère de lait, il s'inspire des grands poètes pour réenchanter les voix et convoquer la paix.

Néanmoins, les déclarations les plus enflammées sont aussi inflammables, et certaines brûlures mènent au mémoricide..

Réenchanter est un texte court mais bien ficelé.

Il se déroule pas mal de choses et la longueur ne m'a pas dérangé car je trouve que l'essentiel est dit.

j'ai beaucoup aimé l'histoire, que j'ai trouvé bien ficelée. J'ai beaucoup apprécié de me retrouver à Alger dans les années 1962, quand l'Algérie était française, car je connais très mal cette époque.

J'ai apprécié le personnage de Yassine.

L'écriture est très jolie, c'est poétique.

C'est aussi très visuel, on imagine bien l'ambiance, ce qui se passe là bas.. Une belle ode à l'amitié, sur fond d'Algérie du début des années 60.

J'ai aimé le cadre, la gravité des évènements qui se déroulent là bas.

Difficile d'en dire plus, je n'ai pas envie de spoiler si vous ne l'avez pas lu. Pas de coup de cœur mais un moment de lecture fort agréable que je note quatre étoiles :)

Le texte est à l'image que je me fais de Sarah. Il est fin, il est délicat. Il est chargé de poésie. Il est raffiné, il est beau. Il révèle le talent de Sarah qui manie la plume avec élégance. Son premier roman se livre avec douceur et parfois émotion. C'est ici réussit. Sarah a, indéniablement, du talent. 





Reste que je suis malgré tout déçue. Sarah n'en dit pas assez. Sarah n'écrit pas assez. Sarah nous promet une histoire lourde, chargée, dense, intense - on ressent sa tension et sa puissance - mais elle se dissipe car Sarah est avare des mots. Sarah cesse de nous raconter ... comme si elle voulait garder les mots prisonniers, comme si elle refusait de nous les dévoiler; comme si elle voulait garder pour elle la douleur d'un monde. 





J'aurais voulu Sarah que tu me racontes davantage. J'aurais voulu que tu donnes à ce texte toute sa vigueur, toute sa puissance car elles sont là. Dans tes personnages. Dans leur histoire. Dans leurs voix. 





En l'état, ce texte est, pour moi, une ébauche; la manifestation d'un talent qui ne demande qu'à se déployer en se libérant d'une timidité, d'une réserve.

Cet ouvrage est, certes, court mais d'une grande intensité. A ceux qui trouveraient justement que l'histoire est brève, un roman n'a pas besoin de faire 600 pages pour être passionnant. Et c'est ici le cas : les mots sont beaux, justes, et le tout rend le roman très prenant et se lit quasiment en une traite. De plus, l'histoire est en elle-même passionnante : un homme se dresse contre la barbarie de la guerre d'Algérie avec ce que l'humain a de meilleur à offrir durant les temps troublés, à savoir son courage, sa plume et son verbe. Ce livre est véritablement une petite perle.