Le cancer met l’homme au pied du mur, il le pousse à une élaboration de sens, il est l’occasion de subjectivation. Qu’il soit « rançon à payer, […] crise de croissance » [CANGUILHEM, Les maladies in opus cité, 2002, p. 46], etc., le cancer ne se joue pas que sur une scène « cellulaire ». Et même s’il n’est plus « maître dans sa propre maison » [FREUD, « Une difficulté de la psychanalyse » in L’inquiétante étrangeté et autres essais, Gallimard, Paris, 1985, p. 175-187], le sujet reste l’exégète du sens qu’il octroie à cet occupant. […] Il s’agit de mettre du sens, d’habiller l’importun de mots, pour circonscrire l’effraction de ce réel « inconvenable ».
A l’inverse, l’absence de symbolisation risque fort d’abandonner le sujet à la sidération de la maladie et au constat de l’irréversibilité du temps, la maladie étant populairement apparentée au représentant de la mort dans la vie.