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Citation de JulienDjeuks


Solitude du penseur, p. 261
Vous me paraissez bien optimiste quand vous parlez d’écrire pour le public. Nous ne sommes plus au XVIIe ni au XVIIIe siècle. Il n’y a plus de public éclairé, il n’y a – à part un petit nombre d’hommes exceptionnels – que des spécialistes à culture étroitement limitée, et des gens sans culture. Il est facile, en s’y prenant bien, de passionner le public pour une thèse, mais à condition de faire appel à tout autre chose qu’à la réflexion. La terrible formule de Stendhal : « Tout bon raisonnement offense » n’a jamais été plus largement applicable que de nos jours. Dans les conditions de vie accablantes qui pèsent sur tous, les gens ne demandent pas la lucidité, ils demandent un opium quelconque, et cela, plus ou moins, dans tous les milieux sociaux. Si on ne veut pas renoncer à penser, on n’a qu’à accepter la solitude. Pour moi, je n’ai d’autre espérance que de rencontrer çà et là, de temps à autre, un être humain, seul comme moi-même, qui de son côté s’obstine à réfléchir, à qui je puisse apporter et auprès de qui je puisse trouver un peu de compréhension. Jusqu’à nouvel ordre de pareilles rencontres restent possibles – la preuve est que nous nous écrivons – et c’est un bonheur extraordinaire, dont il faut être reconnaissant au destin.
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