AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de carolectrice


Quant à Hemingway, je continuais d’admirer certaines de ses nouvelles. Mais "L’Adieu aux armes", "Le soleil se lève aussi", relus, me déçurent. Il avait fait faire un grand progrès a la technique romanesque ; mais, leur nouveauté disparue, les procédés, les stéréotypies sautaient aux yeux. Surtout je découvrais chez lui une conception de la vie qui ne m’était pas du tout sympathique. Son individualisme impliquait une connivence décidée avec l’injustice capitaliste ; c’était celui d’un dilettante assez riche pour financer de couteuses expéditions de chasse et de pêche et pratiquant à l’égard des guides, des serviteurs, un paternalisme ingénu. Lanzmann me fit remarquer que "Le soleil se lève aussi" était entache de racisme ; un roman est un microcosme : si le seul pleutre est un juif, le seul juif, un pleutre, un rapport de compréhension, sinon une relation universelle, est posé entre ces deux caractères. D’ailleurs, les complicités que nous propose Hemingway à tous les tournants de ses récits impliquent que nous avons conscience d’être, comme lui, aryens, mâles, dotes de fortune et de loisirs, n’ayant jamais éprouvé notre corps que sous la figure du sexe et de la mort. Un seigneur s’adresse a des seigneurs. La bonhomie du style peut tromper, mais ce n’est pas un hasard si la droite lui a tressé de luxueuses couronnes : il a peint et exalte le monde des privilégiés.
Commenter  J’apprécie          10









{* *}