Solange Schneider

J'ai pleuré sur Kaboul, ses hirondelles
Et son ciel rouge de sang
À présent,
Mais nous le savions tous, non ?

J'ai pleuré sur Kaboul et ses montagnes
Qui s'éteignent dans la nuit,
Une à une,
Mais nous le savions tous...

Nous l'attentions avec l'étreinte de l'angoisse
Serrant nos gorges et nos voix
N'osant presque plus parler,
Oui, nous l'attendions.

Nous l'attendions comme on attend un malheur
Qu'on aurait pu éviter,
Qu'on aurait dû
Tuer.

Oui, tuer avant qu'il ne soit trop tard
Et que les mains de la mort
Volent ce pays qui fut le mien,
Qui ne l'est plus...


Et quand l'avion décolle enfin, je regarde
Ma terre, que je ne verrai plus :
Richesse de sang engloutie,
Tenue par ces mains aveugles.

Mains de folie qui détruisent tout,
Mais nous le savions tous...
Sans vouloir dévier l'ouragan
Dévastateur.


Alors je pleure sur Kaboul, ses hirondelles meurtries
Qui hurlent dans le ciel
La terreur des hommes armés aux yeux fous
Accomplissant leur sinistre besogne.

Ne me dites pas que vous ne saviez pas :
Les hirondelles s'enfuient
Pendant que les hommes de la mort
Assassinent et le peuple et la terre.
Et vous les laissez faire...