Ils me traînèrent avec rudesse, comme il sied aux traîtres. Mes pieds nus tentaient de suivre leurs mouvements brusques, s’éraflant contre le sol rocailleux. Mes cheveux tombaient devant mes yeux sans que je prenne la peine de m’en dépêtrer. Plus que jamais, je devais ressembler à la pâle imitation d’un homme: dépenaillé, sombrement résigné, un vrai minable qui connaîtrait le sort qu’il mérite.
La violence avait toujours fait partie de ma vie. Au lieu de la perpétrer sur les champs de bataille, comme mes frères, je la subissais en silence à l’abri des villas royales.