Ella regardait la lumière jouer sur les flots, qui entraînaient dans sa direction un semis de fleurs blanches. Elle les suivit au fil du courant, pendant que l’eau épaisse à la peau verte rassemblait des brindilles et autres débris, un lambeau de papier de bonbon, une souche de billet de vaporetto, une pelure d’orange, un gobelet en carton… A vrai dire, la jeune femme se réjouissait en son for intérieur, fière d’avoir trouvé seule son chemin à travers la ville. Lentement, elle apprenait à connaître le labyrinthe des rues et des ponts, les passages obscurs encadrés de murs vertigineux ouvrant soudain sur les piazzas débordantes de soleil...