Soumeya Ouarezki

FIBDA: 6ème festival international de la BD d'Alger, "La Fatma au parapluie" fut le vainqueur du prix du meilleur projet .





Les hauteurs de la casbah d'Alger en 1940... Les auteurs s'appuient sur une vieille légende, une femme folle se promenant avec un parapluie.





Les vieilles ruelles tortueuses empêchent le soleil de pénétrer dans la casbah, mais nullement les regards et les ragots, car tout se sait...





On n'a rien à faire, à part faire des commérages ! Il y a une vieille sorcière là-haut, qui attrape les chats... Qui sait ce qu'elle en fait, avec son hachoir, et qui sait ce qu'elle fait aux petits curieux qu'elle attrape...





On sent la méchanceté, les rancœurs et le désespoir de ces femmes énormes, bouffies ou obèses qui bavardent, pour passer le temps.

Et cette femme battue, ou cette autre malheureuse dans sa belle famille...





Il y a Lalla Houm, la vieille horrible, avec sa bouche édentée, qui raccommode les chaussures et les parapluies, qui connait l'avenir, la distinguée Fatma au parapluie, et les autres...

Qui se nomment toutes Fatma, comme si le sort avait décidé de leurs pauvres vies, derrière les 4 murs de leur bicoque, pendant que les hommes rigolent, au café...





Et puis, il y a les enfants désœuvrés, qui jouent dans la rue ou les cours encombrées de vieux objets et d'ordures...

Que va-t-il arriver encore, à ce quartier misérable, car la Fatma au parapluie a été poussée hors du café, lieu préféré des mâles?

-"Dis donc, les femmes nous traquent jusque dans les cafés, maintenant? On n'est plus tranquille nulle part."

Une superbe BD où le dessin en noir et blanc rend hommage à ses personnages. Ces femmes, toutes ces Fatma algériennes qui toutes ont une histoire singulière et pourtant, toutes médisent les unes sur les autres. Une plongée rafraichissante dans les rues algéroises et leur mythologie vivante.

Histoire d'une sorcière qui aide à par exemple changer le sexe d'un enfant. Plein de croyances , d'humanité et d'une très belle atmosphère.

Le dessin est excellent et me fait penser à Matsumoto ou Otomo.

Très bonne surprise.

Ce travail, en tout point collaboratif, basé sur des anecdotes familiales, met en lumière la scène dessinée algérienne émergente et résonne comme une invitation à en découvrir plus.
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