Les filles perdues de ce livre de Stan de Marillac sont des filles, ordinaires, petites filles grandies trop vite dans une société pas faite pour elles. Fragiles et fortes à la fois, elles tentent de devenir elle-mêmes, malgré les obstacles. Ces filles perdues c'est vous, moi, votre petite soeur, votre cousine, votre voisine. Elles sont aux prises avec le quotidien le plus banal mais leurs regards poétiques sur le monde parviennent à le réenchanter.
La seule chose que l'on sache de Stan de Marillac et qu'on peut lire en quatrième de couverture, c'est qu'"elle est une fille comme les autres". En tout cas, cette fille-là a une belle plume et, à travers ses héroïnes (Morgane, Lucille, Léa, Véra, Clémence, Caro, etc.), elle pose un regard curieux, lucide, amusé, tendre et parfois un peu cruel sur ses contemporains qu'elle observe dans le métro ou dans les parcs.
Le lecteur suit ces filles perdues dans la rue, dans le métro, dans leur assiette, dans leurs pensées ou face aux hommes dans de très courts chapitres qui sont autant de morceaux de vie.
Stan de Marillac réussit à se mettre le lecteur dans la poche grâce à sa justesse de ton, à sa finesse d'observation et son écriture extrêmement sensible. Si l'on ajoute à cela les références littéraires savamment distillées qui vont de Julio Cortazar (un de mes écrivains préférés !) à Lewis Caroll en passant par les contes d'Andersen... on ne peut qu'aimer ce livre et le recommander à tous (et pas qu'aux filles... même si la couverture est rose bonbon).
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Cette expertise pertinente jusqu'au malaise de toutes ces filles semble venir d'un esprit dont on peine à percer le mystère. Son regard sans haine. Mais il est sans empathie non plus. En fait, les règles de Stan de Marillac, on ne les connait pas. Cette inquiétude qui nait au fur à fur de ces portraits, vient sûrement de ce sentiment : quelle sont ses règles ?
Et s'il n'y avait pas ? Juste un grand don servi par un cerveau aux règles obscures. A la manière des grands requins blancs...
Ce malaise distillé au gré des instatanés ne dissipe jamais et contribue à faire de ce recueil un livre à part, moderne, loin de la glu habituelle des sentiments.
Au début, ce pourrait une voile de mousseline, un souffle. La fille est efleurée lorsqu'elle est peinte. Elle ne méfie pas. L'instant d'après, sa gorge est ouverte. Ce coup a été fatal. La parade était futile. D'ailleurs, il n'y en a pas eu. Pas le temps. Déjà le sang pulse à gros bouillon. L'œil devient vitreux. L'auteur est déjà sur un autre contrat, une autre fille, au chapitre suivant...
il n'existe pas de deuxième prise avec cette auteur.
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Une nouvelle découverte de chez Lunatique. Filles perdues est un recueil de nouvelles courtes, efficaces, maîtrisées, qui sont regroupées en petits paquets thématiques. des filles perdues urbaines, rêveuses, des petits riens, beaucoup d'humour, parfois des drames. C'est un cocktail très varié. Touché ou pas on n'est jamais coulé. Même si certaines histoires nous touchent moins on voit toujours où l'auteur veut en venir et on ne peut que saluer sa grande maîtrise et précision. J'ai beaucoup apprécié le bonbon à la menthe et son cogito éthique et aussi l'histoire du gigolo qui fait des exercices très intéressants. Mais bon je n'en dis pas plus et vous souhaite bonne lecture.
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