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Citation de GabySensei


Manesh avait déjà cette carnation cuivrée que l'on ne retrouvait chez nul autre membre de la famille, le visage rond et une tignasse d'un noir de jais, semblable à celle de sa mère par la couleur mais non par la forme : la Dame avait le cheveu plat, alors que la crinière de Manesh fleurissait de boucles pleines avec une insolente vitalité. C'était, de l'avis de tous, un garçon agréable, qui ne se plaignait jamais de rien et apportait à toute entreprise la même énergie tranquille. Pourtant, comme il aimait à se mettre en retrait pour observer les choses et les gens d'un œil qui scrute et qui questionne, avec une patience de guetteur, il finissait parfois par mettre son entourage mal à l'aise. On aurait dit qu'il cherchait toujours les visages derrière les visages, les mots derrière les mots. Ses grands yeux verts possédaient une étrange acuité. Ils laissaient parfois à ses proches l'impression de les dépouiller de leur écorce et de les lire en dedans. C'était, disait Fergus, comme s'il voyait en eux des choses qu'ils ignoraient eux-mêmes, l'heure de leur mort peut-être, ou bien ce qu'ils étaient au plus profond de leur être. Souvent, ses frères auraient voulu que cesse cette inquisition permanente qui leur donnait l'impression d'être des bêtes curieuses, ou bien ils rêvaient de percer à jour les secrets de cette âme étrangère, tapie derrière ces pupilles claires comme la tourmaline.

(P70)
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