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Citation de Cielvariable


Simone est sortie des toilettes et elle est venue se rasseoir à ma gauche. Elle m’a tapoté la cuisse. Je l’ai regardée long uement, ses yeux rassurants, son corps chaud et lourd… et j’ai recommencé à respirer.
Rire. Boire du vin. Regarder Simone.
— Ben alors, a repris Michel, de quoi tu parles ?
— Je te parle de l’être humain. Tu te souviens, l’être humain ? Le grand singe prétentieux ? L’orang-outan rasé de près ? Quand je le regarde en face, avec sa mesquinerie et sa lâcheté, j’ai envie de m’envoyer une balle entre les yeux. Ou de me déguiser en chien, tiens.
Il a regardé Simone puis Claire, sa femme, en levant ses grands bras au ciel.
— Quelqu’un peut me traduire tout ça en français ?
Claire, qui avait depuis toujours adopté la voie de la neutralité, a simplement haussé les épaules. Michel s’est penché vers moi, la bouche un rien tordue.
— Tu nous refais le numéro du misanthrope, Eddy ?
Toutes ces années, chaque fois que j’avais essayé de lui faire voir le vrai visage de l’Homme, je m’étais senti comme un guide touristique chargé d’un groupe d’aveugles. Je pouvais bien décrire telle ou telle faillite de l’humanité, telle ou telle preuve de notre insignifiance, il n’arrivait jamais à s’en faire une idée plus qu’approximative. Autrement dit, Michel avait la faculté de tomber en pâmoison devant un paysage peint en trompe-l’œil sur une toile de dix mètres carrés et d’ignorer tout simplement qu’à l’arrière, en direct, des cadavres basculaient dans des charniers.
— Toi, t’es pas opticien pour rien, lui ai-je dit, tu vois vraiment clair en tout. Le malheur, c’est que tu lèves jamais les yeux de ton nombril.
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