Malgré une apparente fierté, Louise
pensait vraiment qu’elle était peu digne de susciter le
moindre intérêt, d’inspirer le moindre sentiment. Si un
homme s’intéressait à elle, cela ne pouvait être que pour
des raisons d’hygiène sexuelle. Ainsi un homme qui se
jetait à ses pieds, perdait dès cet instant tout intérêt pour
elle. Elle n’aimait que les hommes qui l’éconduisaient
bien que cette absence de désir la scandalisât comme
une offense à sa beauté. Elle déblatérait contre la bestialité
masculine, se promettant de ne plus avoir d’indulgence
ni la moindre condescendance à l’égard des mâles qui la
courtiseraient. Une coquetterie naturelle, une contenance
discrètement aguicheuse démentaient pourtant ses sages
résolutions.