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Citation de Pseudo


Pseudo
02 septembre 2013
[...]

Voici, à titre d'exemple, quelques extraits de la sentence d'interdit prononcée en 1198 contre le royaume de France par le légat Pierre de Capoue, à cause de l'attitude du roi Philippe Auguste à l'égard de son épouse Ingeburge de Danemark :

"Que toutes les églises soient fermées ; que personne n'y soit admis, si ce n'est pour faire baptiser les petits enfants [...] qu'ils [les prêtres] ne souffrent pas qu'on enterre, ni même qu'on dépose les corps morts dans le cimetière. Ils préviendront en outre les laïques que c'est un abus et un grave pêché d'enterrer les corps morts dans la terre non consacrée, et que les fidèles s'arrogent, en le faisant, un droit qui ne leur appartient pas [...]. Qu'aucun fidèle ne communie, même au temps de Pâques, s'il n'est malade et en danger de mort [...]. Nous défendons expressément que les femmes soient admises dans l'église pour les relevailles ; qu'elles soient averties de prier, avec leurs voisins, hors de l'église, le jour de leur purification, et qu'ensuite elles n'y aient pas accès, même pour tenir des enfants sur les fonts du baptême, même lorsque, après la levée de l'interdit, elles auront été introduites par le prêtre dans le lieu saint [...]. Tous les sacrements seront prohibés, à l'exception du baptême des nouveaux-nés et du viatique des mourants."

Dans notre beau pays, tellement coutumier des mouvements sociaux, on appelle cela une grève... A cette époque où le salut des âmes était au coeur de toutes les préoccupations, où les démons intervenaient sans cesse dans les affaires des mortels et où seule la présence de Dieu préservait de leurs attaques, il s'agissait d'une sanction particulièrement sévère. Il y avait là de quoi affoler et mécontenter les foules, l'idée motrice étant d'utiliser la peur et la frustration d'un peuple pour faire pression sur son dirigeant.

Un tableau sobrement appelé "L'interdit", signé par le peintre Jean-Paul Laurens (1838-1921), est conservé au musée André Malraux du Havre et résume à lui seul toute la cruauté de cette peine. Deux corps enroulés dans des linceuls gisent abandonnés, devant la porte d'une église sommairement obturée par des poutres et des fagots. De cette scène se dégage une étonnante impression d'immobilisme féroce, comme si le temps s'était figé dans un instant de paisible horreur.


Pages 61-62
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