Avait-on déjà étudié les conséquences d'une exposition prolongée à la littérature de la passion ? Ce motif de l'amour souffrance qui irriguait toute la littérature, de Racine aux déballages auto-fictionnels contemporains, quelles traces laissaient-ils dans le psychisme du lecteur ? Quand on avait récité " Ce n'st plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus toute entière à sa proie attachée" en classe de seconde en rougissant devant le garçon secrètement convoité, quand on avait frémi en lisant "la femme abandonnée' dans une vieille édition de poche trouvée l'été de ses quinze ans, pouvait-on réussir sa vie sentimentale ? Un collègue flaubertien allait jusqu'à défendre l'idée que l'auteur se sauve en inoculant sa propre mélancolie au lecteur , c'était certainement excessif.